Mme Sonja Becq a déposé le 24 avril 2018 une proposition de loi visant à prolonger l’aide à la jeunesse au-delà de l’âge de la majorité (DOC 54 3053/001).
L’exposé des motifs nous apprend qu’elle vise certains jeunes adultes, sortis du système d’aide ou de protection de la jeunesse, qui font face à une problématique multiple et complexe qui constitue un risque sérieux pour leur intégrité physique et leur sécurité et pour celle de la société.
Le risque de commettre des faits graves est trop élevé pour les «lâcher» dans la société sans plus aucune forme d’aide ni d’accompagnement. Le projet prévoit donc la poursuite de l’aide contrainte sous forme de suivi du jeune par une équipe pluridisciplinaire qui peut conseiller le juge de la jeunesse de prolonger la mesure pour 6 mois dès avant les 18 ans, pour éviter toute rupture (avec possibilité de prolongation annuelle jusqu’aux 23 ans).
Si on comprend la démarche, l’initiative a de quoi étonner : cette matière ne relève plus du fédéral mais des communautés.
C’est d’ailleurs très clairement ce qu’a rappelé le Conseil d’Etat dans un avis (n° 63.510/3 du 15 juin 2018) lapidaire (voire un peu agacé parce qu’on lui fait perdre son temps tout en le bombardant de projets plus urgents les uns que les autres !).
Reste qu’on se souviendra des débats sur la prolongation des mesures jusqu’à 26 ans lors des discussions autour du Code de la prévention, de l’aide et de la protection de la jeunesse en Communauté française. A l’issue de ceuxci, c’est l’âge de 22 ans qui a été retenu pour l’aide volontaire, 20 ans pour l’aide contrainte. Et pour la Députée Sonja Becq, pour certains jeunes, c’est trop tôt.
Si sur le plan législatif, la chose est entendue (pour quelques années), sur le plan social, le problème reste entier pour certains jeunes.
Le Protocole n°16 à la Convention de sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales est entré en vigueur le 1er août 2018. Il permet (c’est une faculté et pas une obligation) aux plus hautes juridictions des Etats d’adresser à la Cour européenne des droits de l’Homme des demandes d’avis consultatifs, sur des questions relatives à l’interprétation ou à l’application des droits et libertés définis par la Convention ou ses protocoles.
L’avis est en règle générale non contraignant mais aura une autorité interprétative forte et fera partie de la jurisprudence de la Cour.
Ce protocole permettra à la Cour de développer des principes généraux dans un contexte parfois plus large que ne le permet un cas individuel et devrait permettre de limiter le nombre de recours individuels.
Mais ne nous réjouissons pas trop vite : les juridictions belges ne peuvent faire usage de ce mécanisme, la Belgique n’ayant ni ratifié, ni signé le protocole.
Quelque 27 enfants palestiniens sont détenus administrativement par les autorités israéliennes depuis…octobre 2015, selon Défense des enfants International Palestine (DCI-P), sans inculpation ni jugement, pour une durée inconnue et renouvelable indéfiniment, ce qui équivaut à de la détention arbitraire et illégale.
DCI-Palestine demande donc qu’ils soient soit jugés (et bénéficient d’un procès équitable, ce qui n’est habituellement pas le cas), soit immédiatement libérés. Le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a estimé que la détention administrative est une forme de torture psychologique et que les forces d’occupation l’exerce comme une forme de punition collective en violation du droit international.
Tout ceci n’est pas neuf. Mais mérite d’être rappelé régulièrement.
À la veille des élections communales, le Délégué général aux droits de l’enfant, la Ligue des familles et Unia veulent à nouveau dénoncer la situation de maltraitance qui persiste à l’égard des enfants de l’enseignement spécialisé dans les transports scolaires.
Ils considèrent que les communes ont leur rôle à jouer pour lutter contre des trajets bien trop longs (jusqu’à 6h par jour!) pour des bus bien trop grands (parfois 50 enfants) et un accompagnement insuffisant.
Le temps dans ces bus est parfois vécu comme un enfer. Certains enfants développent des traumatismes, des phobies scolaires ou voient leurs apprentissages régresser.
Les solutions : une école plus inclusive, qui a les ressources et la volonté d’accueillir tous les enfants, favoriser les collaborations entre les écoles de l’ordinaire et du spécialisé via des pôles territoriaux, organiser le rapprochement physique et organisationnel des systèmes ordinaire et spécialisé, généraliser certains outils comme la pédagogie différenciée… comme le préconise le Pacte pour un Enseignement d’excellence.
Et à court terme, d’autres mesures peuvent être mises en place au sein des écoles de l’enseignement spécialisé et dans la commune pour améliorer le quotidien de ces enfants et de leur famille : des garderies dans les écoles pour que les parents puissent venir chercher leur enfant eux-mêmes, des aménagements raisonnables, un temps pour la décompression après des trajets éprouvants, l’autorisation de l’utilisation des couloirs de bus sur les voiries communales aux bus du transport scolaire, etc.
Avec un peu d’imagination, il y a déjà moyen de faire mieux.
Interpellé à la Chambre après la mort de la petite Mawda (voir l’éditorial du J.D.J. n° 375), le Premier ministre (Le Soir, 23 mai), sur le couac de la déclaration initiale du parquet : « Je plaide pour une communication objective et correcte ». Ce qui suggère immédiatement qu’il s’agit de son avis personnel, et qu’au contraire certains peuvent très bien recommander que des institutions pratiquent la subjectivité et le mensonge. Cette expression galvaudée (et tout autant en néerlandais : « Ik pleit voor ») ne peut servir à énoncer des principes incontestables, voire des obligations légales.
Dans un arrêt du 17 janvier 2018 (Journal des tribunaux du travail, 2018, p. 173), la cour du travail de Bruxelles cite le rapport d’un inspecteur de Fedris (l’agence fédérale des risques professionnels) : « L’exposition [d’un chauffeur de bus de la S.T.I.B.] aux fientes de pigeon n’est pas plus importante que le reste de la population ». Au secours !
Le 8 novembre 2013 (n° 225.413), le Conseil d’État avait annulé un arrêté de la Communauté française qui s’obstinait à réaffecter une enseignante en chaise roulante dans une école qui n’a pas d’ascenseur. La ministre prétendait justifier la décision par la faible distance qui, « à vol d’oiseau », sépare l’établissement du domicile de l’intéressée. Et pourtant, « la Communauté ne reste pas sourde aux demandes d’aménagement ». Bonne volonté, mais compréhension lente.
On espérait Ivan Rebroff, ce fut Ivan le Terrible. Le Soir (28 juin) : l’Allemagne a été « sortie d’entrée de compétition », sorcellerie coréenne. Et (29 juin) sur Angleterre-Belgique : « Il y eut un vainqueur pour sauver ce qu’il reste de morale dans un règlement Fifa qui en est totalement dépourvu », encore de la magie, en voici davantage : « un éclair de génie parti d’un pied gauche insouciant », que dire de plus ? Si : dès le 16 juin, la gazette avait proposé un « bracelet du supporter gratuit ». Goal !
Au Moniteur du 3 juillet, une loi du 19 juin 2018 modifie celle du 20 mai 1994 relative aux droits pécuniaires des militaires : « (…) [Le réserviste] qui effectue (…) un rappel (…) et lorsqu’il est agent statutaire dont, en vertu de son statut, la rémunération n’est pas suspendue (…) par la personne morale de droit public ou par l’établissement d’enseignement libre subventionné, qui est son employeur, a droit à un complément de traitement (…) ». Si vous avez cru comprendre que la Défense nationale rémunère des écoles, n’essayez pas de lire À la recherche du temps perdu.