"Ici et ailleurs" du JDJ N°396

Pour le sourire d’un enfant : …

La chorégraphe et cinéaste Lydia Chagoll est décédée le 23 juin dernier. Elle était née en 1931 et a dû fuir la persécution nazie, mais pour tomber dans les camps japonais dans les Indes néerlandaises. Elle aura connu une carrière artistique mondiale tout en écrivant et témoignant sur la Shoah. Elle est aussi devenue cinéaste et a réalisé de nombreux documentaires, dont un des derniers en date fut consacré à la persécution des Roms, Ma Bister.

…le combat d’une vie

Son plus grand combat a été pour les droits de l’enfant, car c’est lui qui est la première victime en temps de guerre. Elle a fondé l’ASBL Voor de Glimlach van een Kind [Pour le sourire d’un enfant] qui, en collaboration avec la Fondation Roi Baudouin, décerne chaque année le «Prix Lydia Chagoll - Pour un sourire d’enfant» pour promouvoir le respect des enfants et de leurs droits, quelle que soit leur origine ou leur nationalité, et lutter contre l’oppression et la discrimination.

Les bénéficiaires sont des associations et groupes qui ont déployé des efforts particuliers pour promouvoir le respect des enfants et de leurs droits. Une grande dame nous a quittés. Une humaniste, combattante, déterminée, aimant les enfants et ayant oeuvré, avec ses moyens, au respect de leurs droits.

Nouvelle condamnation sévère …

L’affaire concerne les conditions dans lesquelles deux très jeunes enfants (5 et 3 ans !), appréhendés lors de leur entrée irrégulière sur le territoire français à Mayotte, ont été placés en rétention administrative en compagnie d’adultes qui ne les connaissaient pas ni ne les assistaient, rattachés arbitrairement à l’un d’eux et renvoyés expéditivement vers les Comores sans examen attentif et individualisé de leur situation.

…de la CEDH …

La Cour est convaincue que le rattachement des deux enfants à un adulte n’a pas été opéré dans le but de préserver l’intérêt supérieur des enfants, mais dans celui de permettre leur expulsion rapide vers les Comores.

Leur placement en rétention n’a pu qu’engendrer une situation de stress et d’angoisse et avoir des conséquences particulièrement traumatisantes pour leur psychisme. Les autorités françaises n’ont pas veillé à une prise en charge effective des enfants et n’ont pas tenu compte de la situation que ceux-ci risquaient d’affronter lors de leur retour dans leur pays d’origine.

…pour détention d’enfants migrants

La Cour observe également qu’aucun recours n’a été ouvert aux enfants afin de faire vérifier la légalité de leur placement en rétention. Elle rappelle que le fait d’enfermer certains membres d’une famille dans un centre de rétention, alors même que d’autres membres de cette famille sont laissés en liberté, s’analyse comme une ingérence dans l’exercice effectif de leur vie familiale, quelle que soit la durée de la mesure en cause.

(Moustahi c. France, Arrêt 25.06.2020 – violation des articles 3, 5, 8, 4 du 4ème protocole et 13).

République bananière ? Non : UE !

Menaces verbales, attaques physiques, réduction des financements, telles sont quelques-uns des principaux défis auxquels sont confrontés les organisations de la société civile travaillant sur les droits humains dans l’Union européenne.

De plus, près de la moitié considère que la situation s’est détériorée dans les dernières années.

Ces constats font partie des conclusions de la seconde consultation annuelle de la société civile réalisée par l’Agence européenne des droits fondamentaux.

On ne parle pas d’une sombre république dirigée par un autocrate très peu éclairé, mais de la situation qui prévaut dans les 27 pays de l’Union européenne.

https://fra.europa.eu/en/publication/2020/civicspace-experiences

Violence contre les enfants : une plateforme de connaissances

Le partenariat mondial sur la violence contre les enfants, a lancé une nouvelle plateforme de connaissances (knowledge platform), un endroit où l’on peut explorer les dernières preuves, recherches et données essentielles pour mettre fin à toutes les formes de violence contre les enfants. Tous les contenus de cette page - mis à jour régulièrement – visent à contribuer à la prévention de la violence.

La plate-forme de connaissances est gérée par le laboratoire End Violence Lab, une collaboration entre End Violence et l’Université d’Édimbourg.

www.end-violence.org

Les bésicles de Jiji

La panique gagne

Au Moniteur du 31 mars, un arrêté royal du 27 mars 2020 « visant l’interruption des calendriers qui déterminent les délais pour l’exécution des procédures de modification de la liste des spécialités pharmaceutiques remboursables et de la liste des implants et dispositifs médicaux invasifs suite à la pandémie COVID-19 ». Horreur, le virus est partout ! Et à part cela, « à la suite de » reste la forme préférable.

Génériquement incorrect

Ibidem (2 avril) : le ministre fédéral des Pensions, D. Bacquelaine (MR) signe un arrêté du 26 mars 2020 pour prolonger « le mandat de l’administrateur général du Service fédéral des Pensions », qui est une femme, Sarah S. La mesure vaut « jusqu’à la désignation de son remplaçant », ce sera donc nécessairement un homme. On le dira à Madame la « première Première ministre ».

Mieux que « le rabbin du rabbin » (Joann Sfar)

Dans celui du 28 avril, la coreligionnaire du précédent, M.-C. Marghem, ministre fédérale de l’Énergie (et laquelle !) publie un erratum qui en corrige un autre (15 janvier), lequel visait à rectifier l’arrêté royal du 8 septembre 2019 (28 octobre), obscurément consacré aux installations électriques et qui avait inspiré à la section de législation du Conseil d’État un enthousiasme très relatif.

Irrécupérables

Encore (8 avril), le traduisement désespéré de l’intitulé d’un arrêté du gouvernement flamand, daté du 21 février 2020 et « modifiant l’article 2 de l’arrêté royal du 12 novembre 2009 portant création d’un centre fédéral fermé pour mineurs ayant commis un fait qualifié infraction et l’article 19 de l’arrêté du gouvernement flamand du 5 avril 2019 portant organisation des institutions communautaires et portant exécution de diverses dispositions du décret sur le droit en matière de délinquance juvénile, en ce qui concerne l’organisation d’une capacité sur laquelle on peut se rabattre pour des mineurs placés en application de la loi du 1er mars 2002 relative au placement provisoire de mineurs ayant commis un fait qualifié infraction dans le centre de détention flamand ». Les placer en oubliette et rabattre le couvercle. « Overloopcapaciteit » : « capacité de trop-plein ».

J’avais passé dix ans à dormir en prison (Bernard Lavilliers)

Par son arrêt n° 247.324 du 13 mars 2020, le Conseil d’État a donné raison au S.P.F. Justice, selon lequel un de ses agents, condamné à 6 ans d’emprisonnement, doit se couvrir en demandant une « absence pour raisons personnelles [oh combien !] », laquelle peut atteindre un maximum de 4 ans, et espérer une libération conditionnelle. Mais s’il avait « pris perpète » ?

Ça tombe dru

  • Sur l’avenir.net (31 mars ; ce qu’on lit, tout de même) : après une agression contre des gardiens, « une grève émotionnelle a été décrétée en front commun syndical à la prison de Leuze-en-Hainaut ». Il faut rester capable de décider de ses émois.

  • Rendu le 21 janvier 2020, l’arrêt n° 246.781 du Conseil d’État constate le désistement du requérant parce qu’il n’a pas réagi à l’avis de l’auditorat qui concluait au rejet. Mais en notant que cet avis compte 65 pages, le siège implique-t-il « Comme on vous comprend » ?

  • Le Soir (4-5 avril) reproduit un article du Figaro, lequel, au sujet de Ségolène Royal, cite « le bâtonnier de Clermont-Ferrand et avocat [X] », cumulard ! Plus loin, il évoque François Mitterrand qui, à l’Élysée, « sert les mains » : comme Léopold II à un banquet colonial.

  • Itou (14 avril), un titre : « On a pris des mesures pour les maisons de repos trop limitées ». En vue de leur extension, sans doute. Osez me dire que j’exagère sur la place de l’adjectif.

  • De plus (17 avril), « Le mouvement de jeunes militants pour le climat ‘Fridays for Future’ organise une grève mondiale en ligne le 24 avril ». La FEB était tout à fait pour.

  • Aussi (24 avril), J.-P. Marthoz attribue la formule « guerre de tous contre tous » à Thomas Hobbes « au début du XVIème siècle ». Exact, mais il a vécu de 1588 à 1679 ; ne pas le confondre avec Thomas More (1478-1535).

  • Encore (15 avril), une dépêche Belga : « Le gouvernement bruxellois [va octroyer] une aide de 3000 euros au bénéfice de l’ensemble des exploitants de taxis (ils sont 1591) ». Sauvés !

  • Une autre (17 avril) : « [Selon Electrabel,] la crise actuelle met en lumière la nécessité de disposer de sources de production locales [pour garantir] l’approvisionnement en électricité ».

  • Et une d’Ouest-France (28 avril) : lors de la Journée de la Déportation, « À Saint-Léry (Morbihan), l’unique sœur et maire d’une commune en France a porté seule le drapeau ». De quel frère ? Il s’agit d’une religieuse catholique qui termine son dernier mandat.

  • Au 7-9 de la RTBF Radio (10 avril, 7 h. 45), B. Lutgen (CDH) se réjouit que le Conseil européen ait décidé de donner « une bouée d’oxygène ». On sait qu’il n’y a pas de rivière à Bastogne.

  • Même programme (15 avril, 8 h.), une « journaliste » : « Voici un an, les flammes ravageaient Notre-Dame de Paris, construite aux XIIème et XIIIème siècles sous les yeux du monde entier ». Sans pollution, la vue portait très loin.

  • Elle (éd. française, 17 avril) évoque Niki de Saint Phalle qui refuse de croire mourant son mari Jean Tinguely : « Elle va tous les jours dans une église orthodoxe (…), promet à la Madone que, s’il est sauvé, elle lui fera une chapelle ». Ces Grecs (ou Russes) parlaient italien ? 

Pan dans les Bésicles 

Le risque majeur de ce genre d’exercice, c’est laisser passer ses « propres » fautes de frappe, comme celle-ci (n° 395, « Ce n’était pas sans besoin ») : « un contrats ». Au moins, je l’ai vue – trop tard. JiJi