"Ici et ailleurs" du JDJ N°351

Ordre judiciaire

Mme T. Konsek, juge d’appel de la famille et de la jeunesse à la cour d’appel de Liège, est nommée conseiller (le pouvoir judiciaire est toujours réfractaire à la féminisation des noms de fonction !) à la Cour de Cassation. Mme M.- H. Callens, juge au tribunal de la famille et de la jeunesse au tribunal de première instance de Liège, est nommée conseiller à la cour d’appel de Liège. Sont prolongés pour deux ans, comme juges de la jeunesse de M F. Verhaeghe et Mme V. Hameeuw, en Flandre occidentale, Mme L. Van Gerwen, en Flandre orientale, Mme Ch. Th eysgens, Mme P. Innaurato et Mme I. Dessard, à Liège.

Sont prolongées aux mêmes fonctions pour cinq ans Mme T. Suykerbuyk, au tribunal de première instance néerlandophone de Bruxelles et Mme T. Buyse en Flandre occidentale.

Une absence…

Le Centre interdisciplinaire en droits de l’enfant (CIDE – www.lecide.be) organisait, les 25 et 26 janvier derniers, deux journées d’étude intitulées «Cher Monsieur Madrane …», consacrées à la réforme de l’aide et de la protection de la jeunesse en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Malgré les efforts des organisateurs, seule une Directrice de l’aide à la jeunesse y a fait une intervention (remarquée). Tous les autres conseillers, directeurs ou membres de l’administration qui ont été sollicités ont décliné l’invitation (pour ceux qui ont répondu). Parmi eux, certains s’étaient pourtant engagés, mais se sont désistés à la dernière minute.

… qui en dit long…

Pourtant, s’il y a bien une réforme importante à laquelle tous ces acteurs seront soumis, c’est bien celle-là. Elle va déterminer le fonctionnement de ce secteur, qui dispose de compétences élargies suite à la dernière réforme de l’État, pour les vingt prochaines années au moins.

Cette absence a été particulièrement remarquée et certainement incomprise. On a un moment subodoré une interdiction émanant de l’administration, certains ayant affirmé devoir attendre le feu vert de leur hiérarchie. L’Administratrice générale jure ses grands dieux qu’il n’en est rien.

… sur l’état d’esprit et…

D’autres ont fait état d’un agenda chargé, de rendezvous prévus de longue date.

Difficile de contester un tel alibi, on sait que le travail ne manque pas. D’autres frisent l’overdose de cet avant-projet qui est discuté dans nombre d’enceintes.

… l’indépendance !

En fait, il semblerait que le principal motif de cette absence est l’autocensure. Malgré leur statut d’indépendance (toute relative), les fonctionnaires dirigeants des SAJ et SPJ n’ont pas osé, semble-t-il, exposer publiquement leur point de vue, de peur de déplaire en haut lieu. Dernier élément, et non des moindres, le lieu où la conférence se tenait (l’Université de Namur),aurait fait office de repoussoir pour nombre de conseillers et directeurs du fait de son orientation philosophique (pourtant, le CIDE comprend l’UCL, l’Unamur et l’ULB, outre DEI et la CODE). Plus rabique que ça, tu meurs.

Des enseignants pas très pédagogues

La FAPEO (Fédération des associations de parents de l’enseignement officiel) le rappelle : obtenir une copie de ses examens est un droit garanti par la Constitution (art. 32 sur l’accès aux documents administratifs).

Certaines écoles et professeurs font pourtant de la résistance en refusant l’exercice de ce droit alors que pédagogiquement, il a tout son sens.

Il permet à l’élève de mieux comprendre ses erreurs afin de pouvoir y remédier. Cela lui permet aussi, éventuellement, de contester ses résultats. Cette règle est valable toute l’année (et donc pas seulement en juin ou en septembre) et d’application pour tous les réseaux. Peu importe également que l’élève soit en situation de réussite ou d’échec. Pour autant que l’épreuve/le test/l’examen ait servi (ou puisse servir) à la délibération du conseil de classe… et donc à la sanction des études.

Les services publics…

Le Service de lutte contre la pauvreté a présenté son rapport bisannuel 2014-2015 sur le thème des Services publics et la pauvreté. Véritable plaidoyer pour un investissement dans des services publics de qualité.

«Les services publics jouent un rôle crucial dans la lutte contre la pauvreté», affirme Françoise De Boe, coordinatrice. «La pauvreté menace les droits de l’homme. Des pouvoirs publics qui investissent des moyens dans la lutte contre la pauvreté n’est donc pas du luxe.»

… un investissement dans l’avenir des enfants

Des droits fondamentaux conditionnés, perçus comme un luxe et rabotés de toute part, le durcissement des législations, le transfert de responsabilités vers les pouvoirs locaux et l’insécurité juridique, provoquent des exclusions multiples et des inégalités face à l’accès aux droits. Parce que les droits sont de plus en plus fragilisés, il faut systématiquement évaluer l’impact des législations sur les droits fondamentaux.

Et le Service de lutte contre la pauvreté de demander des services universels et accessibles, complétés par des mesures et un soutien adaptés à ceux qui en ont besoin, ainsi que des seuils de revenus progressifs pour éviter des situations de «tout ou rien».

www.luttepauvrete.be.

Une idée de génie pour …

Le chef du groupe MR au Parlement wallon, Pierre-Yves Jeholet est un visionnaire innovateur.

Personne avant lui n’avait imaginé qu’on pouvait utiliser les allocations familiales pour lutter contre le décrochage scolaire. Alors que c’est évidemment la solution parfaite à ce mal endémique de gamins trop gâtés qui ne voient pas que l’école c’est pour leur bien. Il ne fait aucun doute que c’est la solution miracle qui va solutionner 90% (restons modestes) de ces situations où tous les acteurs incapables se cassent les dents, pour lesquelles des dispositifs dispendieux de SAS sont créés; les élèves seront remotivés et déterminés à user leur fond de culotte sur les bancs de l’école redevenue soudain attrayante.

Les parents, indéniablement, se remobiliseront pour suivre leurs rejetons et s’assurer qu’ils sont bien physiquement dans l’école.

… régler le problème de…

Les caisses d’allocations familiales vont gérer, dans la joie et la bonne humeur, les milliers de formulaires faisant état de demi-jours d’absence injustifiée. Le tribunal du travail va accueillir à bras ouverts les centaines de requêtes de parents mécontents que leurs allocations aient été amputées parce que le certificat médical qu’ils jurent avoir remis à temps et heure dans la boîte aux lettres du secrétariat de l’école n’a pas été pris en compte.

Ce type est un génie intersidéral. Il faut déjà penser à lui ériger une statue avec l’argent ainsi économisé (les allocations non-payées, mais aussi la suppression de tous ces dispositifs chers et inefficaces qui prétendent lutter contre le décrochage scolaire).

… l’école buissonnière

Pour la sortie médiatique suivante de ce parlementaire inspiré, nous suggérons les thèmes suivants, très porteurs, auxquels personne avant lui n’a pensé :
- imposer un travail d’intérêt général aux jeunes qui commettent des incivilités : nettoyer les rues en salopette orange fluorescente (idéalement avec des menottes aux pieds pour éviter qu’ils ne s’enfuient)
- augmenter le nombre de places en IPPJ pour y mettre les futurs probables délinquants dûment détectés par des moyens scientifiques (si possible dès la crèche ou, au pire, l’école maternelle)
- ou mieux : imposer un stage parental (sous peine d’amende ou de prison) aux parents d’enfants ayant commis un délit ou une incivilité.


Les bésicles de Jiji

Le Prix 2016 des Bésicles opaques

En gage d’une année nouvelle de transparence et d’éducation des citoyens, il est attribué à un arrêté royal du 27 novembre 2015 (Moniteur, 9 décembre) proposé par le ministre des Finances, J. Van Overtveldt (NVA) et «portant approbation [d’un règlement de la Banque nationale de Belgique] relatif à la méthode de qualification des établissements d’importance systémique domestique et de détermination du montant du coussin de fonds propres de base de catégorie 1». La version moderne du matelas de billets.

Fais comme l’oiseau

Bien que la NVA ait sapé l’engagement de la Belgique à la COP 21, au MR on est «hyper-serein», clame le choeur des sources interrogées par Le Soir (2 décembre). Il faut rappeler qu’à une lettre près, le terme désigne, selon le Robert, non seulement un canari, mais aussi «un niais, un nigaud».

Au moins un qui a bien compris

Sur le même sujet de la querelle «interfédérale», le ministre D. Reynders (MR) appelle au calme lors du Journal parlé de la RTBF Radio (4 décembre, 13 h.) : «Il faut d’abord construire un bon climat». Les poussins manchots détrempés qui gèlent dans l’Antarctique se sentent tout réchauffés.

Nine/Eleven, encore ?

Le Moniteur du 8 décembre publie un effrayant arrêté royal du 2 décembre 2015 proposé par le ministre de l’Intérieur, J. Jambon (NVA) et «relatif à la mise en oeuvre d’une politique d’impulsion unique en vue de projets pilotes visant à maîtriser la radicalisation violente et à lutter contre le radicalisme, deuxième tour». Tous aux abris !

En un mot…

On savait que la Région wallonne voulait faire gérer par un organisme unique toutes ses compétences, anciennes et nouvelles, en matière sociale, et que restait à en trouver le nom. C’est fait (décret du 3 décembre 2015, Moniteur, 14 décembre) : «Agence wallonne de la santé, de la protection sociale, du handicap et des familles». Ils auront du mal à recruter des téléphonistes.

Ça tombe dru

  • Dans un arrêt du 29 juin 2012, la cour du travail de Mons a indemnisé un travailleur injustement licencié après avoir été accusé à tort d’insultes sexistes en raison d’un malentendu en langage des signes : «La demande est fondée telle qu’articulée».
  • Au sujet des éléments du budget wallon qui n’ont pas été transmis à la Cour des comptes, Le Soir (1er décembre) : «Le ministre [Ch. Lacroix, PS] nie avoir donné toute instruction». Seulement «certaine», comme «une page sur deux» ? (Il fallait écrire : aucune.)
  • Ibidem (8 décembre), l’échevin bruxellois A. Courtois (MR) «explique» pourquoi la ville n’a pas fait de marché public pour choisir un cabinet d’avocats : «La doctrine spécialisée reconnaît (…) que l’application des règles [légales] aux services juridiques est difficilement applicable». Spécialisée dans le pléonasme ?
  • Et encore (30 décembre), la gazette fait dire à V. Gilles (SLFP) : «Il est douteux que les (…) militaires n’accepteront jamais de rejoindre les rangs de la police».
    Donc, ils vont y aller ? Le «ne explétif» est la pire source de confusion de la langue française.
  • Entendu au conseil facultaire de Droit et criminologie de l’ULB (10 décembre) : «Je veux rompre une lance (…) Un cours qui se donne au 2ème quadri[mestre] (…)».
    C’est donc le quadri des lanciers.
  • Au Moniteur du 24 décembre, SELOR publie, en français comme en néerlandais, le résultat d’une sélection comparative de «chef-koks» néerlandophones pour le SPF Finances. En français, c’est «maîtrecoq», et le brouet s’annonce aussi amer que pour les contribuables.