"Ici et ailleurs" du JDJ N°326

Pour sa première session …

Le Comité des droits de l’enfant s’est réuni du 27 mai au 21 juin en présence des 8 nouveaux membres élus par l’Assemblée générale de l’ONU en décembre dernier. Il a élu Kirsten Sandberg (Norvège) comme nouvelle Présidente, quatre Vice-Présidents : Mme Aseil Al-Shehail (Arabie Saoudite), Mr Benyam Mezmur (Ethiopie), Mme Sara de Jesús Oviedo Fierro(Equateur), Mme Hiranthi Wijemanne (Sri Lanka) et une Rapporteuse, Mme Maria Herzcog (Hongrie) composant le Bureau.

Ce Comité sera confronté à nombre de défis, dont la probable entrée en vigueur du 3ème protocole optionnel à la CIDE (récemment approuvé par la Région wallonne) qui comme on le sait, établit une procédure de plaintes individuelles auprès du Comité.

…le Comité …

Pour leur première session, les nouveaux membres ont été gâtés, puisqu’il y avait notamment le passage d’Israël devant le Comité. On sait que le traitement des enfants palestiniens arrêtés par les forces de sécurité israélienne est un sujet majeur de préoccupation. Or, le rapport de l’État israélien n’aborde pas cette question, comme si l’Etat d’Israël n’était pas responsable de ce qui se passe pour les enfants dans les territoires occupés.

Si tel était le cas, personne n’assumerait la responsabilité face à la communauté internationale.

… des droits de l’enfant …

Le Comité n’est pas tombé dans ce piège et a rappelé sa responsabilité à l’Etat d’Israël; il a notamment pointé les maltraitances systématiques à l’encontre d’enfants palestiniens, citant des cas de torture, d’arrestations nocturnes et d’isolement en prison pendant des mois d’enfants de douze ans, ou encore l’utilisation d’enfants comme boucliers humains.

«Les petits Palestiniens sont régulièrement interrogés en hébreu, une langue qu’ils ne maîtrisent pas», selon les Observation finales du Comité.

Le comité dispose de témoignages émanant d’anciens soldats israéliens stipulant que les enfants sont régulièrement arrêtés sans aucune raison. La plupart des enfants interrogés sont accusés d’avoir jeté des pierres, un délit pour lequel ils risquent jusqu’à 20 ans de prison.

…fait fort

Ces dix dernières années, quelque 7.000 enfants palestiniens âgés de 12 à 17 ans, et parfois même d’à peine 9 ans, ont été interpellés, interrogés et détenus, précise le rapport.

«Nombre d’entre eux ont été enfermés seuls pendant des mois et amenés devant des tribunaux militaires». Des centaines d’enfants palestiniens ont été tués et des milliers d’autres blessés au cours des opérations militaires israéliennes, essentiellement dans la Bande de Gaza.

Le comité souligne encore que les enfants palestiniens ont difficilement accès aux soins de santé, à l’eau potable et à un enseignement de qualité.

Bizarrement, il semblerait que cette information ne soit pas restée longtemps sur le site des principaux journaux belges.

Pratique traditionnelle et droits humains

En Espagne, des parents, ’origine gambienne, ont été condamnés à 12 ans de prison pour avoir procédé à des mutilations génitales sur leurs deux filles âgées de 6 et 11 ans. La décision fait référence à un conflit inévitable de cultures en précisant que le respect des traditions culturelles doit être limité par les Droits humains qui sont reconnus universellement.

La crise …

La loi oblige de désigner immédiatement un tuteur à tout mineur étranger non accompagné qui arrive en Belgique. Le Service des tutelles avait accumulé un retard considérable puisqu’en juin 2012, plus de 250 MENA n’avaient pas de tuteur; le délai moyen de désignation était de six mois !

Il est retombé à un mois maintenant (ce qui est encore trop long). Le nombre de tuteurs disponibles reste trop bas malgré quelques campagnes de recrutement et l’autorisation donnée aux associations qui emploient des tuteurs à recruter deux employés-tuteurs supplémentaires (Question écrite n° 5-7492 de Bert Anciaux (sp.a) du 7 décembre 2012 à la secrétaire d’État à l’Asile et la Migration, à l’Intégration sociale et à la Lutte contre la pauvreté).

…des tuteurs

Le service des tutelles déménage vers l’avenue de la Porte de Hal 5-8 à 1060 Saint Gilles (station de métro Porte de Hal, sortie Av. Jean Volders). L’adresse postale: Boulevard de Waterloo 115 – 1000 Bruxelles ainsi que le n° de permanence : 0478 15 43 24 restent inchangés. Espérons que ce soit pour garantir plus d’efficacité !

Appel à la délation

Tous les bons citoyens peuvent dorénavant s’adonner à coeur joie à la délation et dénoncer leur voisin qui fait faire sa corniche en noir ou qui a une femme de ménage sans la déclarer. En effet, le SIRS, le Service d’Information et de recherche sociale à l’intention de lancer un site internet où le citoyen pourra dénoncer anonymement des cas de fraude sociale.

Bonjour les règlements de compte et autres vengeances.

Le turban à l’école, suite et pas fin

Une décision du Conseil de l’enseignement communautaire imposant l’interdiction générale du port de signes philosophiques dans leurs établissements scolaires est attaquée au Conseil d’État par… une association de Sikhs de Belgique. Nouvelle étape dans la saga du port du couvre-chef à l’école.

Décrochage et violence …

Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a approuvé deux avant-projets de décrets visant à articuler les politiques de l’enseignement obligatoire et de l’aide à la jeunesse en matière de bien-être des jeunes, d’accrochage scolaire, de prévention de la violence et d’orientation. Ils créent des plates-formes intersectorielles (aide à la jeunesse, enseignement obligatoire) à divers niveaux, un comité de pilotage, des commissions, des équipes de facilitateurs, un observatoire,… pour favoriser la concertation et visent à assurer «un mieux-être des jeunes à l’école et hors école, de favoriser l’accrochage scolaire et de tendre vers une réussite pour tous».

Bref, un énième plan d’accrochage scolaire qui donne la part belle aux structures lourdes, chronophages et démotivantes (il faudrait aussi lutter contre le décrochage dans toutes ces instances !).

…vont si bien ensemble

Notons que l’amalgame cent fois dénoncé entre décrochage et violence scolaire se retrouve une fois de plus dans la création d’un «observatoire de la violence et du décrochage en milieu scolaire». Seul semblant de nouveauté : la création d’un dispositif interne d’accrochage scolaire (DIAS) au sein des écoles. Mais ce n’est qu’une possibilité qui dépendra semble-t-il du bon vouloir de l’école. On n’est donc pas encore au stade de la responsabilisation des établissements scolaires pour tenter de rendre l’école attractive.

Scolarisation des enfants …

De nouvelles statistiques publiées par l’UNESCO révèlent que 57 millions d’enfants n’étaient pas scolarisés en 2011, soit une baisse d’à peine deux millions par rapport à l’année précédente.

L’Afrique subsaharienne abrite plus de la moitié des enfants non scolarisés et détient les taux de scolarisation les plus faibles du monde.

Plus de 20 pour cent des enfants africains ne sont jamais allés à l’école ou ont abandonné l’école avant d’avoir achevé leurs études primaires. L’Asie du Sud et de l’Ouest a réalisé des progrès considérables au cours des deux dernières décennies. Le nombre d’enfants non scolarisés y a baissé de deux tiers : de 38 millions en 1999 à 12 millions en 2011.

…et aide au développement

Par ailleurs, l’aide en faveur de l’éducation de base a baissé pour la première fois depuis 2002, ce qui obscurcit les perspectives de nombreux enfants à travers le monde. Les défis sont pourtant nombreux : favoriser l’inscription des enfants à l’école, garantir leur fréquentation régulière (le taux d’abandon précoce est de 25%), disposer de suffisamment d’enseignants correctement formés.

Ces chiffres cachent des disparités énormes : les enfants des régions reculées, déshéritées, affectés par des conflits ou qui appartiennent à des minorités ethniques, raciales et linguistiques sont privés de la possibilité d’aller à l’école. Les disparités existent aussi en fonction du sexe et de la richesse de la famille. Ces obstacles sont les plus difficiles à surmonter.


Les bésicles de Jiji

Nihil obstat canibus

Aux termes d’un arrêté du 29 mars 2013, publié au Moniteur du 13 mai, les chiens d’assistance flamands ne peuvent être certifiés que par une école qui a obtenu une autorisation du centre d’expertise «Dier-en-zorg» rattaché à la Katholieke Hogeschool Zuid-West-Vlaanderen v.z.w. Ce centre est désigné «KATHO». Très joli nom pour un Labrador.

En arrière toute

Beaucoup de magistrats abusent, dans leurs jugements, du terme «rétroactes», que le Robert donne comme un belgicisme, au demeurant inutile, puisqu' «antécédents» fait parfaitement l’affaire. Par contre, dans une note du 8 mai 2013 à ses collègues, consacrée aux subsides que l’État offrirait aux communes qui doivent engager du personnel pour «encadrer les mesures judiciaires alternatives», la ministre de la Justice A. Turtelboom (VLD) recherche la précision :

«1. Introduction et rétrogrades».

Pour le meilleur et…

La RTBF-Radio retrouve le charme désuet des pubs artisanales, émouvantes de candeur et légères comme le stoemp / la djote.

Ainsi celle de Frameries-Monuments : «Notre philosophie est d’accompagner le client, quel que soit son projet». L’entreprise a pour première spécialité les pierres funéraires.

Cochonneries

Pour exécuter une directive de l’Union européenne sur la protection des eaux contre la pollution par les nitrates d’origine agricole, les Pays-Bas avaient adopté une législation qui réduisait de 25% le quota de porcs (et donc le volume de lisier) attribué à chaque éleveur. Après force procédures devant les juridictions nationales, divers requérants ont saisi la Cour européenne des droits humains. Celle-ci a déclaré leur plainte irrecevable (30 avril 2013, Lohuis e.a. c/Pays-Bas, req. n° 37265/10) en considérant que la législation en cause ne portait pas atteinte au droit de propriété, mais en réglementait l’usage de manière proportionnée dans l’intérêt général. Voilà une décision qui dégage le fameux «fumus boni iuris» («l’odeur de bonne justice»), même si les requérants s’étaient imprégnés de la matière.

Ça tombe dru

  • G. Deprez (MR), interviewé par Le Soir (29 avril) sur la réforme du Sénat : «Notre groupe de travail a travaillé lentement et bien». Nous voilà rassurés. Mais «[Ce qui m’inquiète, pour l’avenir, c’est] l’attitude de ces partis démocratiques flamands, contradictoire dans les termes». Comme «La Belgique est bornée au nord», selon un de mes professeurs de l’athénée royal de Charleroi il y a 50 ans ?
  • Le journaliste qui mène le débat de Mise au point (RTBF, 19 mai, midi) sur la grève des bagagistes à Bruxelles-National : «Il fallait atterrir». Non, ça c’était fait.
  • «Premier bébé manchot», annonce une brève du Soir (30 avril). Hélas non, soupirerait-on, mais quel soulagement de lire qu’il s’agit de la naissance, au Sea Life de Blankenberge, d’un oisillon de la variété «de Humboldt», l’une des plus menacées du monde.
  • Ibidem, 10 mai : la FGTB de Bruxelles recommande de soutenir la formation professionnelle en y transférant «une série d’aides aux entreprises sans fondement». On ne mesurait pas la gravité de la gabegie dans les subsides publics régionaux.
  • Et aussi, 15 mai, le directeur général de l’Agence Bruxelles-Propreté sur le thème de la saleté dans la Région : «Certaines zones sont très propres, d’autres moins, ne nous voilons pas la face». Mais encore ?
  • Au Moniteur du 31 mai, un arrêté royal du 18 février 2013 qui confère la dignité de «doyen d’honneur du travail» à des entrepreneurs de pompes funèbres. Comme quoi tout le monde ne se tue pas à la tâche.