"Ici et ailleurs" du JDJ N°322

Nominations

Sont prolongées comme juges de la jeunesse : Mme L. Dreser à Bruges, Mme S. Paquay à Huy et Mme E. Diskeuve à Namur. Sont désignées juge de la jeunesse : Mme T. Buyse à Courtrai, Mme N. Boufflette à Tongres et Mme T. Suykerbuyck à Bruxelles.

Tiens, rien que des dames !

M. P. Rans est prolongé pour trois ans comme avocat général près la cour d’appel de Bruxelles.

Qu’en pensent-ils ?…

«What do you think ?», le projet d’UNICEF Belgique visant à faire participer les enfants dans le processus de rapportage pour promouvoir les droits des enfants, qui existe depuis 1999, et qui, depuis le départ accorde une attention particulière à la participation d’enfants vulnérables, a consacré son dernier rapport (et la vidéo qui l’accompagne) au point de vue de près de 1.000 enfants et de jeunes vulnérables dans le débat sur l’enseignement.

… du bien, mais…

Il en ressort que l’école est très importante pour les enfants et pour les jeunes et, contrairement à ce qu’on aurait pu croire, ils en disent beaucoup de choses positives. Ils voient l’école comme une véritable clé pour leur avenir : se sentir bien, se faire des amis, développer des talents, des compétences et des connaissances pour aujourd’hui et pour demain. Mais dans la pratique, tout n’est pas toujours aussi facile : pour de nombreux enfants et jeunes vulnérables, l’école est un éprouvant parcours d’obstacles, qui blesse et exclut.

… pas que ça !

Leurs parcours scolaires sont souvent marqués par l’échec : mauvais bulletins, redoublements, glissement de l’enseignement général vers le technique ou le professionnel voire le spécialisé. Alors que les inégalités, la relégation, le redoublement sont de plus en plus présents dans nos écoles, sujets largement débattus dans la société, les enfants et les jeunes sont, paradoxalement, la plupart du temps absents de ces discussions alors qu’en tant qu’experts de leur propre vécu, ils veulent contribuer à faire changer l’école et formulent donc des recommandations relayées par l’UNICEF.

Droits économiques et sociaux…

La ratification par l’Uruguay du Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), permet son entrée en vigueur (c’est la 10ème ratification), dans les pays qui l’ont ratifié, à dater du 5 mai 2013. Ces droits pourront donc faire l’objet d’une procédure de communication (plainte individuelle) devant le Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations unies. Ils seront donc soumis, au niveau international, au même mode de contrôle que celui qui s’applique depuis près d’une quarantaine d’année aux droits civils et politiques.

… plaintes individuelles…

Le Protocole permettra de soumettre des plaintes concernant les abus en lien avec la pauvreté, la discrimination et le délaissement que les victimes endurent. Il offrira un moyen aux individus d’attirer l’attention de la communauté internationale sur leur situation.

… mais pas pour la Belgique

Dans notre pays, pas moins de sept parlements doivent l’approuver (ça doit être un record mondial !) pour que la Belgique soit partie à ce protocole. À ce jour, seuls les Parlements des Communautés germanophone et flamande l’ont ratifié. Il en va de même pour le protocole à la Convention des droits de l’enfant. Les pauvres et les enfants attendront bien !

Tiens, à propos de pauvreté !

«On peut continuer à lutter contre les islamistes extrémistes, les wahhabites, les salafistes ou les talibans de ce monde ; L’Occident peut continuer à combattre Al-Qaïda sur son sol, au Maghreb, en Asie, en Afrique noire et au Moyen-Orient; Il sera toujours possible de faire tomber les Khadafi, les El-Assad, Saddam Hussein et autres dictateurs peu scrupuleux. Mais tant qu’il y aura autant de personnes vivant dans une pauvreté extrême, tant que le troupeau des pauvres continuera de grossir, tant que les richesses resteront aussi inégalement et indûment réparties, tant que le ressentiment populaire envers les pays riches continuera d’être exacerbé sans contrepartie ni acte de contrition, un terreau extrêmement fertile restera à la disposition des chefs et imams extrémistes, qui savent exploiter cela à merveille. Vous voulez vraiment lutter contre le terrorisme ? La seule solution viable, c’est de combattre la pauvreté mondiale».

(Charles-Etienne Filion, «Le Mali, la pauvreté et l’extrémisme religieux», dans Le Huffington Post, 6/02/2013)

Lutte contre le grand banditisme

Trois policiers de la zone Flowal sont intervenus face à une dangereuse terroriste en herbe : une jeune fille de 14 ans, trisomique 21, âge mental de 3 ans, jouait avec un revolver en plastique. Toutes sirènes hurlantes, l’équipe de choc, n’écoutant que son courage, interrompt la fillette dans son jeu, confisque l’arme factice et se rend au domicile de la petite fille, où ne se trouvait à cette heure là que sa grand-mère.

Dans la lettre outrée qu’elle a adressée à la police, la maman raconte que cette dame de 83 ans a aussi fait les frais du zèle policier, puisqu’elle s’est vue soupçonnée de posséder une arme. Quant à la petite fille, elle a dû ouvrir son sac pour que les policiers en vérifient le contenu, c’est-à-dire une paire de menottes et une étoile de shérif reçues pour Noël, ainsi qu’un second pistolet, provenant lui aussi du set d’accessoires de cow-boy.

Lui laissant généreusement la paire de menottes et l’étoile de shérif, les policiers sont repartis avec les armes du délit (sans prendre le temps de rédiger un procès-verbal pourtant requis pour toute confiscation), et non sans menacer de sanctions graves en cas de récidive, avec le sentiment du devoir accompli.

Gageons que l’image que cette jeune fille gardera de la police ne sera pas particulièrement positive. Mais si la sécurité publique est à ce prix…


Les bésicles de Jiji

Déjà le Prix 2013 des Bésicles opaques ?

Sans perdre un instant pour enrichir la littérature française, le Moniteur du 4 janvier publie un arrêté royal du 27 décembre 2012 «relatif à l’octroi d’une allocation contrat de sécurité et de société destinée aux communes ex-contrats de sécurité et de société dans le cadre de la mise en oeuvre d’une politique locale de sécurité et de prévention pour l’année 2012».

Allons, c’est fini et les communes peuvent redevenir dangereuses et asociales.

Accoucher ? une simple piqûre d’aiguille

Et au Moniteur du 8 janvier, un arrêté ministériel flamand du 16 novembre 2012 dont l’intitulé traduisé représente un challenger sérieux pour le précédent, mais révèle un triomphe de l’obstétrique : «portant création du Groupe de Travail flamand Dépistage de Population aux affections congénitales chez les nouveaux-nés (1) à l’aide d’un échantillon de sang».

Le poney aux «pieds chinois» (suite et fin)

Avec soulagement, les ami(e)s des équidés apprendront qu’après avoir échoué dans son recours en suspension de la décision de placement dans un refuge (voir «Ongles excarnés», J.D.J., n° 307, p. 47), le propriétaire de l’animal a perdu aussi sa procédure en annulation (arrêt n° 221.812 du 19 décembre 2012).

Toutefois - il est vrai, recopiant l’attestation du vétérinaire-, le Conseil d’État écrit qu’à cause de ses sabots longs de plus de 10 cm. qui se recourbent vers le haut, «il apparaît que [le poney] ne sait plus se déplacer».

Simulateur, va ! (voir «Le plan Marshall 2 points de suspension», J.D.J., n° 320, p. 47).

Ce n’est pas exclu

Le français a d’inexplicables lacunes. «Inclusion» est le contraire évident d’«exclusion» ; hélas, par rapport à «exclusif», «inclusif» signifie seulement «qui renferme en soi». On en vient donc à plaindre le traduiseur du décret flamand du 7 décembre 2012 (Moniteur, 8 janvier) «encourageant une politique flamande inclusive à l’égard des personnes âgées».

Ou alors, ce texte veut généraliser l’anecdote relative à la fin de carrière de Leo Tindemans, inoxydable routier du CVP (CD&V actuel) : «Vous verrez qu’il va apporter un certificat médical attestant qu’il doit rester ministre».

Ça tombe dru

  • Au Journal parlé de la RTBF (4 janvier, 18 h.) : «un projet qui met sur les rails les bus wallons». Le contraire des vieux trolleybus ?
  • Et à celui du 13 janvier, 22 h. : «… François Hollande a déclaré qu’il maintiendrait son projet, quelle que soit l’ampleur de la manifestation. Par ailleurs, l’aviation française a poursuivi ses bombardements…». Pourtant, la guerre, ce n’est pas gay.
  • Dans une interview accordée aux Novelles (canard intermittent des étudiants de la faculté de droit de l’ULB, décembre 2012), un nouvel enseignant aurait déclaré que «Les professeurs d’université sont là pour éclairer les ténèbres de l’ignorance». Comme on dit «éclairer la nuit de sa lampe» ?
  • Le Soir (12-13 janvier) titre : «Le Parquet décrète Arnault non grata». Voilà donc pourquoi tant de haine : le financier est une financière ! (puisque, s’il faut vraiment écrire en latin, le masculin de «grata» est «gratus»).
  • Selon le même organe (31 janvier), la police fédérale considère les contributions que Schaerbeek et Saint-Josse prélèvent sur les «carrées» comme d’une légalité douteuse : «Communes taxées de proxénétisme». En quelque sorte, «l’impôt frappe l’impôt».

(1) Sic : «nouveau», dans cette construction, est un adverbe et donc invariable.