LE JOURNAL DU DROIT DES JEUNES

L'éditorial de Florence Bourton dans le JDJ N°395

«J’aimerais dire aux décideurs de faire attention à nous, les enfants,
que vous veilliez sur nous, que vous veilliez sur notre santé à tous… (1)

Confinement, distanciation sociale, gestes barrières… Le coronavirus a débarqué dans nos vies comme un tsunami, emmenant avec lui son flot de vocabulaire anxiogène. Nous nous sommes retrouvés bombardés d’informations, de règles sanitaires, d’experts, vidéos et schémas, nous expliquant ce que l’on pouvait faire ou pas. Cette vague de stress n’a pas épargné les plus jeunes, quoi qu’en disent les médias et autres « Lettre ouverte aux jeunes imbéciles (…) » (2).

Avec le déconfinement progressif, les politiques, professionnels et parents se sont arraché les cheveux : faut-il reprendre le chemin de l’école ? Combien de jours ? Permettre aux enfants de se rendre à leur camp scout ? À l’entraînement de foot ? De participer à des stages ? Peut-on aller à l’anniversaire de la petite voisine ?

Et au-delà des questions pratiques, des consignes de sécurité, des stocks de gel et de masques, quel impact aura le covid sur le développement des enfants et adolescents ?

Dans ce contexte de pandémie mondiale, très peu d’enfants ont eu l’occasion de faire des activités physiques. Les troubles anxieux auraient doublé chez les garçons et triplé chez les filles ; les cas de dépression chez les jeunes ont significativement augmenté. Les lignes d’assistance pour les jeunes auraient compté jusqu’à 70% d’appels en plus (3)…

« Vu que j’peux pas sortir, ma mère est toujours sur moi en mode "si tu veux sortir, tu dois mettre un masque, tu parles pas aux gens" et tout, c’est assez stressant tout ça mais… ouais quand même c’est vachement stressant. » (4)

Les chiffres à propos des malades infectés par le virus indiquent que les enfants sont moins susceptibles d’être touchés, et qu’ils ne développent pas ou peu de symptômes. Cependant, l’impact négatif que pourrait avoir la crise liée au covid sur leur bien-être sur le long terme est, quant à lui, très sérieux. Si l’on veut limiter les dégâts, il importe que les besoins des jeunes soient pris en compte dans chaque phase du déconfinement, afin d’assurer un équilibre entre les risques liés au virus et les besoins, les droits et la santé globale des enfants. Ceci implique également de donner les moyens aux professionnels de terrain d’aborder ces questions sereinement, de se montrer rassurants et de permettre aux plus jeunes de s’épanouir, malgré le contexte difficile.

C’est pour poursuivre ces objectifs que la task force pédiatrique covid-19 et ses partenaires lanceront cet été la campagne JOY, qui se veut positive et centrée sur les droits et besoins de tous les enfants et jeunes en Belgique. Affaire à suivre !

Florence Bourton


(1) Témoignage audio de Sindani, 10 ans, pour le projet «Parlons Jeunes, Parlons (dé)confinement». Tous les témoignages du projet sont disponibles ICI
(2) «Lettre ouverte aux jeunes imbéciles qui prennent le coronavirus pour un problème de vieux cons», publiée le 11 juillet 2020 sur lalibre.be
(3) Ces chiffres proviennent de la fiche de présentation du projet JOY, dont la campagne de lancement débutera pour la rentrée 2020.
(4) Témoignage audio de Wahib, 18 ans, pour le projet «Parlons Jeunes, Parlons (dé)confinement».