LE JOURNAL DU DROIT DES JEUNES

L'éditorial de Benoit Van Keirsbilck dans le JDJ N°366

Cabinet Madrane, confusions d’intérêts et favoritisme : un mélange détonant ?

Nos plus plates excuses

Dans l’éditorial du Journal du droit des jeunes n° 366 de juin 2017 que l'on peut lire ci-dessous, nous écrivions que Monsieur Rachid Madrane, ministre de l’Aide à la jeunesse, avait désigné lors de son entrée en fonction la compagne d’un membre de son cabinet à la tête du Conseil communautaire de l’aide à la jeunesse.

Monsieur le Ministre nous écrit pour réagir par rapport à cette affirmation en précisant que la personne en question avait été nommée à cette fonction par la ministre de l’Aide à la jeunesse précédente et qu’elle a fait le choix de présenter sa démission quand son compagnon a été nommé au cabinet du Ministre Madrane, nouvellement nommé, justement parce qu’elle ne pouvait pas supporter le soupçon de partialité que sa situation privée ferait peser sur l’exercice de sa fonction de présidente.

Cette démission a été regrettée par le ministre qui a rendu éloge au travail qu’elle avait réalisé à la tête du CCAJ.

Nous reconnaissons avoir commis une erreur et une injustice, et nous être basé sur des informations erronées. Nous présentons donc nos excuses à l’intéressée, au ministre et aux autres personnes qui ont été affectées par cette affirmation.

Benoit Van Keirsbilck

Cette mise au point a été insérée en page 2 du N°370 de l'édition “papier” du JDJ.


L’aide à la jeunesse serait-elle aussi prise dans la tourmente des affaires ?

C’est la question que posait récemment Alter-Echo en se demandant si le cabinet Madrane faisait preuve de favoritismes et autres conflits d’intérêts (1).

L’aide à la jeunesse serait-elle aussi prise dans la tourmente des affaires ?

C’est la question que posait récemment Alter-Echo en se demandant si le cabinet Madrane faisait preuve de favoritismes et autres conflits d’intérêts (1).

Certaines institutions (2) de la région de Charleroi ont en effet bénéficié plus que n’importe quelle autre, des largesses financières du ministre, du fait de la présence d’Alberto Mulas au sein du cabinet. Les charges sont lourdes et bien sûr contestées par les principaux intéressés, dont le ministre luimême, dans une réponse à une interpellation parlementaire.

Même si c’est une pratique largement répandue en politique que de favoriser ses «amis», ce ministre semble encore plus particulièrement attentif au sort de ceux qui se revendiquent de son bord.

Ces conflits d’intérêts ne se limitent pas à un arrosage ciblé, mais concernent aussi des mélanges de genres pas toujours orthodoxes; le premier «incident» du genre, en début de législature, avait été de nommer la compagne d’un membre du cabinet à la tête du Conseil communautaire de l’Aide à la jeunesse… chargé de donner des avis sur les projets émanant de ce même cabinet !

Indépendance, vous avez dit indépendance ? La présence permanente d’un membre du cabinet lors des discussions sur les avis de cette instance (pour s’assurer qu’ils vont dans le bon sens ?), est tout aussi dérangeante. Mais au cabinet, on feint de ne pas voir le problème.

Le fait est qu’on n’avait plus connu une approche aussi clivée de la politique entre pôles catho et laïc depuis de nombreuses années. Le ministre Madrane considérant, par exemple, que rien de ce qui est ressorti de la Conférence organisée par le CIDE (Centre interdisciplinaire des droits de l’enfant (3)) n’est à retenir pour sa réforme de l’aide et de la protection de la jeunesse parce que celle-ci a été organisée… à l’Université de Namur et reflète donc nécessairement une analyse catho du projet de Code.

Et pour contrebalancer, il demande à l’ULB, qui l’accepte sans trop se questionner sur les conditions d’indépendance intellectuelle, d’organiser une conférence pour présenter le futur Code, lorsque celui-ci serait adopté (ce qui est sérieusement compromis du fait de la crise gouvernementale qu’on connaît et du fait que le prochain titulaire du portefeuille de l’aide à la jeunesse ne va certainement pas faire un cadeau politique au PS en repartant du même texte, quelle perte de temps !).

Il est à espérer que ces pratiques partisanes cesseront à l’ère de la «nouvelle culture politique» (4), même si on ne se fait pas la moindre illusion, puisqu’en la matière, chassez le naturel, il reviendra au galop.

Toutes les règles contraignantes ne pouvant jamais remplacer une éthique personnelle qui, comme on l’a vu, fait trop souvent cruellement défaut.


(1) Alter Échos n° 444 16 mai 2017
(2) Les services de la Cité de l’enfance à Charleroi qui font partie de la désormais tristement célèbre Intercommunale de santé publique du pays de Charleroi (ISPPC).
(3) Qui réunit 4 universités, dont l’ULB et 2 ONG
(4) Je voudrais quand même qu’on m’explique en quoi planter un couteau dans le dos de son partenaire avec qui on a un accord de gouvernement, parce qu’il fricote dans Publifin et trempe dans le Samusocial, là où on a soi-même fricoté et trempé, fût-ce en fermant les yeux, pour se jeter dans les bras du MR du Kazakhgate, pratiques puantes et mafieuses s’il en est, relève de la nouvelle pratique politique pour un parti qui, pour se racheter une virginité, se découvre soudainement l’envie de laver plus blanc que blanc ?