LE JOURNAL DU DROIT DES JEUNES

L'éditorial de Benoît Van Keirsbilck dans le JDJ N°266

Les enjeux post-électoraux

En cette période, après avoir adressé des mémorandums aux partis avant les élections, il convient d'envoyer à l'informateur d'abord, au formateur ensuite, sa liste des priorités, pour qu'elles figurent en bonne place dans l'accord gouvernemental à venir.

Qu'attend-on du prochain gouvernement dans les matières qui touchent aux enfants, aux jeunes et aux familles? La liste est longue.

Contentons-nous ici de pointer quelques-uns des principaux éléments.

Dans le domaine de la protection judiciaire de la jeunesse :

Tous les intervenants lors du colloque organisé par le CIDE(UCL +DEI) les 31 mai et 1er juin derniers s'accordent à considérer qu'il faut réécrire la loi de 65 tant elle est devenue illisible et donc, en partie impraticable.

Dans la foulée, nul doute qu'il faille déjà procéder aux premiers toilettages les plus urgents.

Mais à côté de cela, on attend du gouvernement qu'il veille à plus de cohérence d'ensemble des politiques judiciaires à l'égard de la jeunesse qui se sont développées dans tous les sens, en perdant bien souvent leur spécificité (loi incivilités, loi hooligans, loi Everberg, contrats de sécurité, sorties des IPPJ, etc...).

Il serait aussi grand temps de renoncer à une politique d'enfermement tous azimuts; ceci implique que, en concertation avec les Communautés, le recours à des mesures de maintien dans le milieu familial et social, avec un accompagnement si nécessaire intensif, puisse devenir la priorité, et pas uniquement au niveau des discours. On attend un véritable plan d'action national visant à réduire l'utilisation de l'enfermement des enfants, étant entendu que la plupart du temps, cette mesure fait pire que bien.

On aimerait aussi que pour la prochaine législature, le Gouvernement dans son ensemble et le Ministre de la Justice en particulier, renoncent clairement à faire de la démagogie à partir de faits divers instrumentalisés et privilégient le débat politique sur les réformes de circonstances.

Dans le domaine de la lutte contre la pauvreté, comme le signalait encore récemment le «Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l'exclusion sociale» du Centre pour l'égalité des chances, les politiques positives sont la plupart du temps annihilées par des effets contraires.

Tous les efforts réalisés dans le domaine des allocations familiales, l'accès aux soins de santé, les minima sociaux, … sont inopérants du fait de la hausse des loyers, du coût de la vie, du surendettement chronique de nombre de familles qui comme on sait, fait «boule de neige», …

On pourrait aussi parler de la fin de l'enfermement des étrangers et en particulier des enfants, de l'évaluation et l'amélioration de la politique à l'égard des MENA, d'une politique de régularisation juste et équitable, de la nécessité d'un tribunal de la famille, du statut de l'avocat de l'enfant, de l'audition des enfants en justice, etc. On l'a dit, la liste est longue. Reste à voir où le prochain gouvernement mettra ses priorités.