"Ici et ailleurs" du JDJ N°400

Du délégué général…

Les ministres de l’Enfance en Fédération Wallonie Bruxelles, Bénédicte Linard et de l’Action Sociale de la Région wallonne, Christie Morreale, annoncent que les compétences du Délégué Général aux droits de l’enfant (DGDE) seront dorénavant élargies aux matières relevant de la Région wallonne et que son nom va évoluer pour devenir le «Défenseur des Enfants», comme en France.

…au défenseur des enfants …

Ce n’est pas Bernard De Vos, l’actuel titulaire de la fonction qui s’en plaindra, lui qui s’époumone depuis des années pour qu’on lui permette officiellement d’agir dans les compétences régionales.

Reste que, tant qu’à faire, il faudrait aussi étendre sa compétence à la Région bruxelloise (en ce compris les Commissions communautaires) et au niveau fédéral.

C’est bien sûr plus compliqué, parce que l’un et l’autre requièrent des accords avec la Flandre.

…surtout de leurs droits.

Et pour ce qui est de l’indépendance, il faudrait prévoir une nomination par le Parlement (et pas par le Gouvernement), lui octroyer une dotation (pour éviter qu’il dépende de l’Administration pour ses budgets) et lui donner la possibilité de choisir son personnel.

Encore quelques années de patience ?

La clé vers l’autonomie ?

Chapeau à la Maison d’accueil Le Bateau Ivre (service résidentiel de l’aide à la jeunesse à Bruxelles); d’une part, parce qu’ils développent un projet de création de logements où les aînés (16-18 ans) pourraient vivre en semiautonomie, d’autre part pour leur campagne de crowdfunding particulièrement bien construite, qui fait appel à des humoristes, influenceurs et autres personnes publiques.

…passe par un …

On ne doute pas de la pertinence du projet (bien que le limiter à 18 ans n’est sans doute pas le plus adéquat, l’accueil devrait se prolonger au-delà de cet âge pour ceux qui en ont besoin), bien expliqué dans la brochure et la vidéo le présentant (consultable sur : www.lamaisondaccueil.be); les obstacles à la mise en autonomie des jeunes sont en effet importants, notamment au niveau du coût du logement (le montant qui est octroyé à ces jeunes incités à «voler de leurs propres ailes» est tout simplement indécent !).

crowdfunding

Mais on reste gênés aux entournures : pourquoi un tel projet doit-il faire appel à la générosité du public ? S’il est vraiment pertinent et répond à un besoin dûment identifié, il devrait être pris en charge par les pouvoirs publics et correctement financé.

Les associations ont toujours dû pallier les carences des pouvoirs publics et c’est extrêmement regrettable.

Une allocation pas si universelle

L’appel d’ÉCOLO pour une allocation sociale «universelle» pour les jeunes (elle n’est pas universelle si elle est limitée aux jeunes !) aura eu le mérite de relancer le débat complexe du soutien qui devrait être octroyé aux jeunes qui font partie des oubliés des politiques publiques en ces temps de pandémie et de crise économique grandissante.

Cette suggestion n’est peut-être pas la panacée, mais le problème est bien réel. Donc, au lieu de tirer à boulets rouges sur la messagère (que d’aucuns se plaisent à confondre avec le message), si on cherchait des solutions ? Ça passe sans doute par un renforcement des dispositifs existants : la sécurité sociale et l’aide sociale.

Et sans doute par l’individualisation des droits.

Clinique juridique «dans la rue»

La Street Law Clinic du Centre de droit public de l’ULB vise à apprendre aux étudiantes et aux étudiants à communiquer le droit dans un langage clair à des publics éloignés du droit, pour qu’ils comprennent leurs droits et puissent les faire valoir.

Les étudiants en droit social, après s’être dûment formés, développent des outils pour améliorer la compréhension du droit par les publics précarisés et permettre leur émancipation sociale. Dans un premier projet, elle aide les étudiants à faire valoir leurs droits face aux CPAS par la tenue de permanences d’information juridique et la rédaction de fiches pratiques.

Les étudiants bénéficient ainsi d’une première expérience pratique, plus réelle et concrète que les travaux pratiques, et surtout, sont sensibilisés à des enjeux sociaux.

Contact : Elise Dermine, streetlawclinic@ulb.ac.be

L’Océan viking libéré…

L’association SOS Méditerranée va pouvoir reprendre ses opérations de recherche et de sauvetage en mer. L’Ocean Viking a été libéré, après avoir été retenu dans un port sicilien pendant cinq mois (sous des prétextes administratifs) et va donc pouvoir reprendre la mer et ses opérations de recherche et de sauvetage.

Leur interruption a eu des conséquences fatales pour les centaines de personnes en détresse en Méditerranée. Cette bonne nouvelle ne devrait pas faire oublier que cinq autres navires humanitaires sont bloqués pour des raisons tout aussi administratives.

… et Salvini bientôt arrêté ?

Tout ceci alors que Matteo Salvini leader de l’extrême droite italienne, ancien ministre de l’Intérieur, est tenu de s’expliquer devant un tribunal pour avoir empêché le débarquement de migrants sauvés en mer et les avoir séquestrés sur un bateau pendant plusieurs jours.


Les bésicles de Jiji

« Partis pour rester » (Francis Cabrel)

Il y a quatre ans (J.D.J. n° 355, p.48), les Bésicles signalaient que grâce à l’arrêt n° 63/2015 de la Cour constitutionnelle, on découvrait que l’article 130 de la loi du 12 janvier 2005 concernant le statut juridique des détenus érige en infraction disciplinaire « la prolifération d’injures ». Sans le moindre « sic », le Conseil d’État (arrêt n° 248.150 du 17 août 2020) reproduit cette formulation en rejetant le recours d’un prisonnier grossier. Non seulement les borborygmes « profèrent », mais ils s’incrustent.

Roule, ma poule

Sur RTL Info (je ne vous refuse rien), l’interview du porte-parole (et laquelle !) de l’Agence wallonne pour la sécurité routière : « En Wallonie, on n’a pas le côté très urbain de Bruxelles », fort juste. À la question « Quels sont les comportements des cyclistes qui agacent le plus les automobilistes ? », une réponse effrayante : « Certains vont sur le trottoir alors que ce n’est autorisé que jusqu’à 10 ans », les malades du volant le veulent pour eux seuls ? Et encore : « Il faut comprendre la vulnérabilité du cycliste et de l’automobiliste », sans doute à l’arrachage de rétroviseurs.

« Dans la brume électrique » (film de Bertrand Tavernier)

Commentant le sociodrame de la négociation d’une coalition fédérale, Le Soir (21 septembre) rapporte que G.-L. Bouchez (MR) a fait savoir à P. Magnette (PS) « qu’il n’y a pas un niveau de confiance suffisant en lui pour qu’il devienne Premier ministre ». Émanant du personnage, le terme « suffisant » est clair pour tout le monde, mais si quelqu’un affirme avoir ainsi compris qui devrait avoir confiance en qui afin que qui dirigeât le gouvernement, il/elle pratique la pensée magique.

Ça tombe dru

  • Dans Le Soir (5-6 septembre), M. Prévot sur le projet de coalition fédérale : « Avec 5 sièges à la Chambre, le CDH sera le principal parti francophone crédible dans l’opposition ». Sur 150 ; la majorité fera bien de revoir le DVD du film de 1959, « The Mouse that Roared ».

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  • Ibidem(8 septembre), « Les eurodéputés estiment que leur immunité parlementaire les protège (…) Ils n’ont donc (…) pas à se soumettre aux quarantaines ou tests ». Comment le Comité national de sécurité n’y a-t-il pas pensé ?

  • Encore (17 septembre), la commission parlementaire « Décolonisation » est « coprésidée par un membre du PS et du CD&V ». Un agent double, quelle économie !

  • Itou (18 septembre), sous le titre « Un gouvernement vite (…) mais pas au rabais, SVP », l’éditorialiste en chef : « sept partis qui (…) n’aurait pris aucun risque ». Cqfd.

  • De plus (19-20 septembre), la page consacrée aux Fêtes de Wallonie qualifie Sander Loones (NVA) d’« éphémère ex-ministre de la Défense », ce qui suggère qu’il n’ a pas tardé à le redevenir. Que non : 27 jours à la fin de 2018. L’« ex » est de trop (comme souvent…).

  • En outre (21 septembre), une dépêche AFP selon laquelle je policier chargé de la protection d’un ministre britannique « a été mis à pied après avoir oublié [son pistolet] dans un avion ». Cette précaution s’imposait.

  • Aussi (15 septembre), un extrait de Soirmag qui rapporte une action des Femen au Musée d’Orsay (Paris) où une visiteuse avait été refoulée en raison de la profondeur de son décolleté. L’affaire s’est terminée par des excuses de la direction, mais personne ne semble avoir rappelé que ce musée expose, entre autres, L’origine du monde de Gustave Courbet.

  • Et enfin (30 septembre), en Communauté française, les enseignants recevront « des formations en lien avec l’implémentation du tronc commun polytechnique et multidisciplinaire ». Juste ce qui leur manquait, avec un anglicisme hideux et superflu pour « mise en œuvre ».

  • La notice de Wikipédia consacrée au général français Weygand, né à Bruxelles « de parents inconnus » : « C’est l’accoucheur qui déclare à l’état civil la naissance de l’enfant, répondant au prénom de Maxime ». Bâtard, mais précoce.

  • Les Novelles(revue des étudiants en droit et criminologie de l’ULB, septembre 2020), commente, à l’intention des bleu/e/s, les cours de baccalauréat, notamment « Nederlandse rechtscriminologie ». Sur les juges assassins aux Pays-Bas (c’est bien sûr « terminologie »).

  • Même organe, vous vous inquiétez du niveau de grammaire des futur/e/s (?) juristes ? Vous avez raison : « les palpitations qu’ont donné l’examen de Droits et libertés à [la rectrice] ».

  • Dans son arrêt P.20.0908.F du 16 septembre 2020, la Cour de cassation écrit : « Bien que l’article 833 du Code judiciaire ne prescrit pas de délai… ». Depuis le XVIIIème siècle, seul le subjonctif est admis. Mais on peut très bien dire : « Certes, l’article… » ; trop simple.

  • Un citoyen français nommé Célimène se plaignait d’avoir été menotté et privé d’avocat durant sa garde à vue. Dans sa décision du 3 septembre 2020 (requête n° 64147/14), la Cour européenne des droits humains prend acte que la République l’a indemnisé à hauteur de 28.000 EUR. Qu’elle cesse de recruter des flics misanthropes.

  • À la vitrine d’une mercerie de Jette : « Chaussettes : 3 + 1 ». Encore une pub mensongère.