«De terribles souffrances s’abattent sur nos semblables. Si nous ne changeons pas de cap, nous risquons de basculer dans un avenir fait de crises permanentes et d’effondrements en série».
Cette déclaration n’est pas celle d’un obscur augure de l’apocalypse annonçant la fin du monde, mais un extrait du préambule du Pacte pour l’avenir qui vient d’être adopté par les Nations unies lors du «Sommet pour le futur» qui s’est tenu les 22 et 23 septembre à New York.
Ce constat est sans doute bien en deçà de la réalité au moment où on annonce le dépassement du septième (1) des neufs points de rupture, ces «limites planétaires», seuils physiques que l’humanité ne devrait pas dépasser pour espérer rester dans une «zone de fonctionnement sûre», ou au moment où Netanyahou s’apprête à raser le Liban et exterminer ses habitants, comme il l’a fait à Gaza et que Poutine menace une nouvelle fois de recourir à l’arme nucléaire.
Les Nations unies qui sont nées sur les cendres de la Seconde Guerre mondiale, sur un «plus jamais ça» aussi optimiste que béat, ne se sont jamais montrées aussi impuissantes, engluées dans un dysfonctionnement paralysant, incapables de faire respecter les valeurs minimales qui constituent le fondement de l’humanité, autrement que par de grandes et belles déclarations, telles que ce Pacte pour l’avenir.
Ce texte de 67 pages (2) s’articule autour de cinq piliers, à savoir le développement durable et son financement, la paix et la sécurité internationales, la science, technologie et innovation et coopération numérique, la jeunesse et générations futures et la transformation de la gouvernance mondiale. Il comprend deux annexes : un Pacte mondial pour le numérique et une Déclaration sur les générations futures. Il est largement passé sous les radars au niveau national et auprès du grand public pourtant concerné au premier chef.
La référence aux droits humains est restée centrale, même si elle n’est pas affirmée de manière aussi forte qu’espérée, un certain nombre de pays ayant cherché à les affaiblir, diluer ou supprimer.
L’Humanité a sans doute besoin de ces Grands-Messes mondiales, lors desquelles on se promet de faire mieux, on identifie collectivement les dérives majeures en cherchant des moyens d’y remédier. Ce Pacte va rejoindre la longue liste des engagements qui vont du Sommet mondial qui a vu l’adoption à l’unanimité de la Convention relative aux droits de l’enfant en 1979, aux déclarations du millénaire pour développement ou à l’agenda pour un développement durable dans lesquels les droits humains des enfants étaient réaffirmés de manière forte.
Mais tant que le portefeuille et les actes ne suivront pas les déclarations, que l’ordre économique mondial et le marché des armes ne seront pas soumis aux droits humains, que l’on niera la justice internationale, ces engagements, aussi forts fussent-ils, continueront à sonner creux.
Benoit Van Keirsbilck
(1) Avec l’acidification croissante des océans, la planète s’apprête à franchir
de façon «inĂ©vitable» un nouveau seuil d’alerte contribuant
à affecter la stabilité terrestre, sa capacité de résilience et son habitabilité, selon un rapport du Postdam Institute for climate impact
research.
(2) Voir : https://documents.un.org/doc/undoc/ltd/n24/252/90/pdf/n2425290.pdf