Quand un président de parti stigmatise une catégorie de la population en tenant des propos xénophobes, il se met hors-jeu. De la même manière, lorsqu’un président de parti jette l’opprobre sur une association en affirmant qu’elle reçoit 72 millions d’euros de subventions publiques, il devrait y avoir une conséquence à la hauteur de cette diffamation.
Écartons tout de suite l’hypothèse de l’erreur : une analyse simple et rapide permet à quelqu’un doté d’un minimum de réflexion, de se rendre compte qu’on est dans l’ordre de l’impossible (un poste de travail à temps plein avec les frais de fonctionnement dans le monde associatif dépasse rarement cent mille euros par an) puisque ça voudrait dire qu’une petite ASBL communale disposerait de 720 salariés (ou alors qu’elle détourne 99% des subventions qui lui sont accordées, ce qui est tout aussi absurde !).
Il y a donc un choix délibéré de stigmatiser une association, qui contribue au vivre ensemble depuis 1978 aux côtés d’un public précarisé, à forte proportion issu de l’immigration, d’une commune du croissant dit pauvre de Bruxelles.
Les propos sont donc xénophobes et pauvrophobes.
Inutile de préciser que G-L. Bouchez, président du Mouvement Réformateur, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’a pas cru bon de prendre préalablement contact avec l’association et certainement pas de vérifier ses sources qui manquent de cohérence
En critiquant gratuitement une association, c’est en réalité le monde associatif dans son ensemble, ainsi que tous les travailleurs, bénévoles, citoyens engagés, qu’il insulte.
Ironie de l’histoire : il s’agit d’une association agréée en éducation permanente (EP) dont la mission est de favoriser et de développer, principalement chez les adultes, une prise de conscience et une connaissance critique des réalités de la société, des capacités d’analyse, de choix, d’action et d’évaluation, des attitudes de responsabilité et de participation à la vie sociale, économique, culturelle et politique (2).
En tenant ces propos, M. Bouchez fait la preuve qu’il aurait grandement besoin d’un stage citoyen dans un service d’EP.
M. Bouchez, des excuses publiques (plutôt que de renvoyer la faute sur les autres) et un dédommagement de l’association qui a ainsi été inutilement stigmatisée vous grandiraient.
Le citoyen est en droit d’attendre du monde politique qu’il vérifie par lui-même, en allant sur le terrain, la réalité du travail de ces centaines d’associations qui tentent au quotidien de pallier les lacunes créées par des politiques d’exclusion.
Faire de la politique requiert un minimum d’honnêteté, de probité, d’humilité, de reconnaissance de ses erreurs, de sens de l’empathie, d’écoute et d’attention au bien-être de tous les citoyens.
En l’espèce, on en est loin. Très loin.
Benoit Van Keirsbilck
(1) Voyez la réaction de l’ASBL La Rue, sur son site : www.larueasbl.be/categorie/publications/
(2) Voir : Décret du 17 juillet 2003 relatif au développement de l'action d'Éducation permanente dans le champ de la vie associative, M.B., 26 août 2003, art. 1er.