LE JOURNAL DU DROIT DES JEUNES

L'éditorial de Benoit Van Keirsbilck dans le JDJ N°379

Les Mados, entre désordre et confusions ?

Après une expérimentation de quelques années à Charleroi, les «Maisons des adolescents» (MADO) sont en passe de s’institutionnaliser dans différentes villes de la Fédération Wallonie-Bruxelles, un projet d’arrêté est en cours de préparation au sein du Cabinet du Ministre Rachid Madrane, en charge de l’aide à la jeunesse.

On verra (1) que si les constats à la base de leur création et les intentions peuvent faire sens, les questions que ce dispositif pose sont importantes et provoquent des craintes et de la réticence des acteurs en place, qui vont au-delà d’une résistance au changement ou d’une défense corporatiste de son pré-carré.

La volonté de coordonner, regrouper au même endroit plusieurs services complémentaires en dépassant les clivages sectoriels, peut faire sens.

Mais le manque de clarté du dispositif qui entretient un flou sur les missions et le positionnement institutionnel par rapport aux jeunes, aux familles et aux services existants (entre une intervention à la demande et sans mandat et un dispositif à la disposition des instances de décision) jette le discrédit complet sur cette structure et les intentions du Gouvernement.

La MADO «pilote» de Charleroi a très vite voulu «chapeauter» toute l’action sociale à l’attention des ados, se voulant le passage obligé en matière d’aide aux jeunes, faisant de l’ombre aux autres au lieu de valoriser leur action, mais sans se poser trop de questions éthiques et déontologiques de base, notamment concernant le secret professionnel.

Le double emploi avec les services existants, en particulier les SAJ (pour leur rôle de coordination et réorientation) et les AMO (pour leur action individuelle et collective) ajoute à la confusion.

Le tout crée un cadre peu sécurisant et globalement illisible, fait d’interventionnisme, de centralisation excessive et de déni des réalités locales.

Le Ministre Madrane est-il en train de préparer le nouvel ordre peu protecteur ?

Le dispositif nécessite à tout le moins d’être revu en profondeur. Mais pour ça, il faut se donner du temps et accepter une réelle concertation.

Benoit Van Keirsbilck


(1) Voir l’article «Encore une tranche de lasagne ?», ce numéro, page 28.