LE JOURNAL DU DROIT DES JEUNES

L'éditorial de Amélie Mouton dans le JDJ N°342

Vérité et justice pour Soulaïmane Jamili Archich

Des ballons blancs qui s’envolent vers le ciel. Cette image, reproduite sur la couverture du N°342 du JDJ, a été prise le 21 février dernier, à la station Osseghem, à Molenbeek (Bruxelles), là où, un an plus tôt, jour pour jour, Soulaïmane Jamili Archich décédait tragiquement, happé par un métro. Deux cent personnes s’étaient rassemblées pour rendre hommage à l’adolescent et demander la vérité sur les circonstances tragiques de son décès. Car Soulaïmane a trouvé la mort après un contrôle policier.

Il revenait de l’école avec deux camarades, lorsque l’un d’eux aurait perdu son cartable sur les voies du métro. Alors qu’ils tentaient de le récupérer, ils auraient été interpellés par une équipe de sécurité de la STIB qui a appelé la police des chemins de fer en renfort.

«Que s’est-il passé durant ces 45 minutes avant sa mort, avec ces policiers et ces agents de sécurité? C’est ce que nous voulons savoir. Nous ne pouvons pas faire notre deuil tant qu’il reste des zones d’ombre», explique son oncle, Youssef Archich, à l’origine de la commémoration et d’une page Facebook à la mémoire du jeune homme.

Pour le parquet, Soulaïmane se serait suicidé. Mais sa famille n’y croit pas une seconde; pour elle, il se serait tué en fuyant, effrayé par le contrôle (trop musclé ?). Elle a porté plainte pour homicide involontaire. L’affaire passe en chambre du conseil le 28 avril prochain. Youssef Archich dit faire confiance à la justice pour connaître la vérité.

Nous espérons que de possibles réflexes corporatistes ne viendront pas entraver son bon exercice et que l’éventuelle responsabilité des forces de l’ordre sera correctement évaluée. Car on connaît, hélas, la difficulté de les mettre en cause en cas de bavures. Toute la lumière doit être faite sur cette histoire dramatique. Derrière cette affaire, il y a des dizaines de citoyens qui attendent que la justice joue correctement son rôle.

La procédure sera certainement très suivie à Molenbeek, où les jeunes ont souvent des relations tendues avec la police. Lors d’une récente animation dans le quartier, notre association a entendu les témoignages de jeunes garçons, confrontés à des contrôles policiers très fréquents (aux dires de certains, au moins une fois par semaine), vécus comme humiliants et injustes. La commune cherche des solutions constructives à ce problème, notamment en initiant des projets qui créent du lien positif entre les jeunes et la police. Comme ce groupe d’adolescents qui s’entraînent actuellement avec des policiers pour préparer le marathon de Bruxelles.

Dans un climat anxiogène, où les peurs et les tensions sociales sont exacerbées, il est plus que jamais nécessaire d’avoir une justice équitable et des relations équilibrées entre les citoyens et les forces de l’ordre.

L’amélioration du vivre-ensemble et de la cohabitation harmonieuse entre les communautés est à ce prix.