LE JOURNAL DU DROIT DES JEUNES

L'éditorial de Benoît Van Keirsbilck dans le JDJ N°295

Everberg est mort !
Vive Saint-Hubert !

À l'heure où vous lirez ces lignes, les jeunes francophones auront quitté le centre d'Everberg et auront intégré le centre à Saint-Hubert, rénové à très grands frais. Comme Everberg, Saint-Hubert ressemble à une prison, sera perçu comme tel par les jeunes placés, mais ce n'est bien sûr pas une prison, c'est un centre fédéral fermé !

Les 50 places sont donc opérationnelles : 37 pour les jeunes n'ayant pas trouvé de place dans une IPPJ (loi du 1er mars 2002) qui y sont placés pour une période maximale de 2 mois et cinq jours (c'est le trop plein des IPPJ qui comporte donc 12 places de plus que l'actuel Everberg francophone) et 13 que se partageront les jeunes en voie de dessaisissement (ceux pour lesquels le Parquet a requis une telle mesure), les jeunes qui ont été dessaisis et renvoyés vers la Chambre spéciale au sein du tribunal de la jeunesse ou de la Cour d'assises et enfin ceux qui ont été condamnés par une de ces juridictions (les jeunes de ces deux dernières catégories étant généralement en prison).

Remplir les 13 places ne sera pas compliqué ! L'enjeu sera même de déterminer quels jeunes auront la priorité sachant qu'il n'existe aucun registre permettant d'identifier les jeunes condamnés après dessaisissement. La logique voudrait qu'on transfère en premier lieu les jeunes qui sont encore mineurs, la Belgique étant à cet égard dans l'illégalité puisqu'elle mélange mineurs et majeurs en prison. Faudra-t-il aussi transférer les jeunes en voie d'être dessaisis ? Ils sont en général en IPPJ. Un tel transfert libèrerait une place en IPPJ pour un nouveau «client» ou pour un jeune qui vient de Saint-Hubert, section «trop plein» !

Combien de temps faudra-t-il pour que le centre soit rempli, que le premier jeune soit refusé à Saint Hubert et que les voix habituelles s'élèvent pour réclamer encore plus de places ? Il y a fort à parier qu'il ne faudra que quelques semaines, ce qui démontrera soit qu'on en avait absolument besoin, soit que plus on crée des centres, plus on place des jeunes.

Pour ce qui concerne l'encadrement pédagogique, les 37 jeunes placés en section «trop plein» bénéficieront du même type d'encadrement que ce qui existait à Everberg. Ce personnel psycho-social, en très grande partie nouveau, la plupart ayant refusé de suivre, est financé, formé, dirigé par la Communauté. Le Fédéral s'occupe de la sécurité. Pour les 13 autres jeunes, il avait également été question du même type d'encadrement. Changement de cap : ces jeunes doivent être considérés comme adultes et n'ont pas besoin (droit ?) à un encadrement pédagogique différent de ce qui existe en prison (autant dire rien).

Les moyens prévus pour l'encadrement de ces 13 jeunes seraient consacrés au financement du suivi éducatif intensif, une des mesure prévue par la loi de 65 relative à la protection de la jeunesse renouvelée et pas encore mise en oeuvre !

Cette mesure, dont le contenu reste totalement flou, est présentée comme alternative à la privation de liberté. Elle risque fort d'être utilisée en plus des enfermements existants, qui ont donc encore de beaux jours devant eux.