LE JOURNAL DU DROIT DES JEUNES

L'éditorial de Benoît Van Keirsbilck dans le JDJ N°282

Scions la branche !

Le stage parental est vite devenu l'arbre qui cache la forêt et la nouvelle pierre philosophale. Il occulte tout ce qui se fait, devrait être fait ou ne se fait pas du tout en matière d'implication des parents dans la réaction sociale à la délinquance des mineurs. Il est également opportunément présenté comme la solution à tous les maux (que tous les arrondissements judiciaires sont priés d'utiliser, s'il vous plaît).

Que n'y a-t-on pas pensé plus tôt !

Mais comme on le verra dans les pages du Journal du Droit des Jeunes, il n'est pas de bon ton de critiquer cette fausse bonne idée, parce qu'on ne sait pas de quoi on parle.

Avant même qu'une quelconque évaluation ne soit réalisée, le Gouvernement de la Communauté française a octroyé une nouvelle subvention de 748.307 euros au «Pensionnat Henri Jaspar» (service «Affiliations») pour poursuivre la mise en oeuvre du stage parental, comme s'il voulait s'empresser de dépenser l'argent reçu du fédéral (avant que celui-ci ne coupe les robinets ?).

La question n'est pas «faut-il soutenir et aider les parents, en particulier ceux dont les enfants commettent des délits ?», mais «comment les soutenir au mieux ?»; même si pour la Cour constitutionnelle, il ne s'agit pas de les punir mais de les assister*, le débat ne se limite pas à la solution proposée.

Quand bien même la méthodologie et les outils développés peuvent servir l'analyse critique en d'autres lieux, la solution avancée se situe dans un courant européen (et peut-être plus large que cela) pour lequel l'approche pénale cadre l'intervention sociale. C'est là qu'est incontestablement le centre du débat.

Pour notre part, nous n'hésitons pas à scier la branche, de l'arbre qui cache la forêt, sur laquelle d'autres se sont confortablement assis, même si un ministre passe en dessous !


* «Le stage parental présente dans ce sens une analogie avec la mesure d'assistance éducative que prévoyaient à l'origine les articles 30 et 31 de la loi du 8 avril 1965 relative à la protection de la jeunesse», Cour constitutionnelle, arrêt 49/2008 du 13 mars 2008.