LE JOURNAL DU DROIT DES JEUNES

L'éditorial de Benoît Van Keirbilck dans le JDJ N°279

Sans papiers, mais (en principe) pas sans droits

Le numéro de novembre du Journal du Droit des Jeunes est à nouveau consacré, à plusieurs égards, à la situation des enfants sans papiers ou en séjour précaire, catégorie d’enfants parmi les plus vulnérables que notre société connaisse, discriminés le plus souvent du fait même des pouvoirs publics !

En la matière, l’actualité souffle le chaud et le froid. Le très chaud d’abord : l’initiative prise par divers citoyens, soutenue notamment par DEI (Défense des enfants-International Belgique) et par l’UNICEF Belgique, qui a condamné symboliquement l’État belge pour sa pratique de détention des enfants en centres fermés, a reçu le prestigieux prix Lydia Chagoll, «pour un sourire d’enfant».

Nul doute, et on reste dans le chaud, que cette initiative, et notamment le fait que les jeunes du jury d’enfants aient été reçus par le Premier Ministre et la Ministre de la Migration, ait eu un impact important sur la décision maintes fois annoncée et en phase de concrétisation, de ne plus enfermer des enfants dans ces culs-de-basse-fosse que sont les centres fermés.

Rappelons qu’à son arrivée dans ce département, la Ministre annonçait que l’enfermement des enfants ne posait pas de problème quant au respect de leurs droits ; par la suite, elle a bien dû « nuancer», en admettant que les centres fermés ne sont pas des lieux adéquats pour les enfants.

Là où ça se refroidit sérieusement, c’est quand on constate, comme le fait Charlotte Van Zeebroeck dans le JDJ, que la mesure n’est pas applicable à tous les enfants. La Belgique continuera à enfermer et les alternatives mises en place, outre qu’elles posent nombre de questions, sont en partie de la poudre aux yeux, destinée, entre autres, à diminuer la pression sur la Ministre. L’annonce de la fin de la détention constitue donc un abus de langage.

Les associations vont devoir maintenir une vigilance de tous les instants, tant pour contrôler ce qui se passe dans les centres fermés, que pour suivre de près la mise en place des «alternatives».

Enfin, pour ce qui concerne les victimes de la traite des êtres humains, un rapport réalisé par Charlotte Van Zeebroeck, décidément très prolifique, fait le point sur la protection qui est accordée aux enfants, non accompagnés, potentiellement victimes de cet odieux phénomène.

À l’heure où la Belgique soumet son rapport quinquennal au Comité des droits de l’enfant (qui risque bien de ne pas être étudié par ce comité d’experts internationaux avant 2010 !), cette thématique reste un grave sujet de préoccupation, pour parler dans le langage diplomatique des édiles des Nations unies !