LE JOURNAL DU DROIT DES JEUNES

L'éditorial de Benoît Van Keirsbilck dans le JDJ N°269

(Im)pitoyable Office !

Alors que le futur possible accord gouvernemental prévoit diverses possibilités de régulariser la situation des étrangers en séjour illégal, l'Office (des étrangers) continue à faire fonctionner la guillotine à l'égard de personnes qui remplissent les conditions (pourtant déjà très strictes) âprement négociées.

Certains payent très cher ce qui est vécu comme une humiliation à la tête de l'Office des expulsions. Dame ! On limiterait leur pouvoir ?

D'où la nécessité impérative de déclarer un moratoire immédiat sur les expulsions.

La police continue de débarquer à cinq heures du matin chez les gens avec une violence rare, embarque les familles dans des fourgons, sans que les personnes ne puissent se préparer à un départ. Ce sont des familles qui vivent en Belgique depuis dix à quinze ans. Des enfants de onze et treize ans, nés en Belgique, ayant toujours vécu en Belgique, parfois ne connaissant pas la langue du pays de leurs parents, sont arrêtés, détenus pendant des semaines et expulsés sans ménagement.

Des familles sont séparées, un parent et un enfant arrêtés, les autres dehors. Le père renvoyé vers un pays, la mère et les enfants vers un autre.

Du chiffre. Dans six mois, ils auraient eu leurs papiers.

Dans le même temps, une représentante du ministre de l'Intérieur au sein de la Commission nationale des droits de l'enfant déclare sans ambages que l'arrêt «Tabitha» de la Cour européenne des droits de l'Homme est une vieille affaire qui n'est pas applicable aux mineurs accompagnés.

On conçoit aisément que les gestionnaires de la migration n'aient toujours pas digéré cet arrêt («la Belgique a fait preuve d'un manque flagrant d'humanité») et qu'ils font tout pour en minimiser la portée (tiens, il n'y a jamais eu de sanctions suite à cet arrêt ? Peut-être des promotions ?).

Ailleurs, on laisse des Afghans faire une grève de la faim de plus de cinquante jours et, quand la première mort n'est plus qu'à une question d'heures, on capitule par crainte de procès en responsabilité.

Au sein même de l'Office des Etrangers, des fonctionnaires, un peu moins zélés que la moyenne, en ont assez de collaborer à ces politiques infâmes.