"Ici et ailleurs" du JDJ N°392

Recommandation du CPT …

Le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT) a publié une «Déclaration de principes relative au traitement des personnes privées de liberté dans le contexte de la pandémie de coronavirus (COVID-19)» dans laquelle il relève que cette pandémie a créé des défis spécifiques et extrêmes pour le personnel travaillant dans tous les lieux de privation de liberté.

Tout en reconnaissant l’impératif de prendre des mesures, le CPT rappelle le caractère absolu de l’interdiction de la torture et des traitements inhumains ou dégradants, qui ne peut être affecté par les mesures de protection adoptées.

Il recommande donc de prendre toutes les mesures pour protéger la santé et la sécurité de toutes les personnes privées de liberté, suivre les directives de l’OMS, rendre davantage de personnel formé et protégé disponible, n’appliquer des mesures de restriction pour lutter contre la pandémie que si elles sont prévues par la loi, nécessaires, proportionnées, respectueuses de la dignité humaine et limitées dans le temps.

… en ces temps de pandémie : …

De plus, le CPT préconise de recourir à des mesures de substitution à la privation de liberté, surtout en cas de surpopulation (comme en Belgique), de recourir davantage aux alternatives à la détention provisoire, aux peines de substitution, à la libération anticipée et à la mise à l’épreuve ; de réévaluer la nécessité de poursuivre le placement non volontaire des patients psychiatriques ; libérer les résidents des foyers sociaux ou leur assurer une prise en charge dans la collectivité, dans la mesure du possible ; et s’abstenir, dans toute la mesure du possible, de détenir des migrants.

… rappels indispensables…

Il poursuit en recommandant une attention particulière aux questions de soins de santé, sans oublier les groupes vulnérables. Cela comprend le dépistage, l’accès aux soins intensifs si nécessaire et le soutien psychologique.

S’il est légitime et raisonnable de suspendre des activités non essentielles, les droits fondamentaux doivent être pleinement respectés, notamment le droit de maintenir une hygiène personnelle adéquate (y compris l’accès à l’eau chaude et au savon) et d’accès quotidien à l’air libre (d’au moins une heure). Toute restriction des contacts, y compris les visites, doit être compensée par un accès accru à d’autres moyens de communication (téléphone ou communication par internet).

… pour le traitement des détenus

En cas d’isolement ou de mise en quarantaine d’une personne détenue infectée ou suspectée de l’être, la personne devrait pouvoir avoir des contacts humains significatifs tous les jours. Les garanties fondamentales contre les mauvais traitements des personnes détenues par les forces de l’ordre (accès à un avocat, accès à un médecin, notification de la détention) doivent être pleinement respectées en toutes circonstances et à tout moment.

Enfin, le contrôle par des organismes indépendants, reste une garantie essentielle contre les mauvais traitements.

Exclusion et confinement !

Malgré le confinement, les procédures d’exclusions dans de nombreuses écoles se poursuivent. C’est le constat fait par Infor Jeunes Laeken qui est interpellé par plusieurs élèves et leurs parents confrontés à ce problème.

Et l’association de se demander comment va s’exercer concrètement le recours pendant le confinement ?

Quid de la réinscription dans une autre école ? Ne serait-il pas judicieux que la Fédération Wallonie– Bruxelles impose un moratoire sur les exclusions jusqu’à la fin du confinement ? D’autant que vu les modifications dans les évaluations de fin d’année, on peut s’attendre à de nombreux recours contestant la décision du conseil de classe. Affaires à suivre !

Rapporteurs spéciaux de l’ONU …

Le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies a procédé à la nomination d’une série de représentants spéciaux. C’est ainsi que Mama Fatima Singhateh de Gambie a été nommée «Rapporteuse spéciale sur la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants », qui a pour mandat «d’analyser les causes profondes de la vente et de l’exploitation sexuelle des enfants, d’identifier de nouveaux modèles, d’échanger les bonnes pratiques pour les combattre et de faire des recommandations pour la réhabilitation des enfants victimes de la vente et de l’exploitation sexuelle».

… sur la vente, la prostitution …

Elle succède à Maud de Boer- Buquicchio, qui a réalisé un travail remarquable et terminé son mandat en publiant deux rapports particulièrement importants sur «25 ans de lutte contre la vente et l’exploitation sexuelle des enfants» (uniquement en anglais) et les «Lignes directrices pour la protection des enfants contre l’exploitation et les abus sexuels».

… d’enfants et l'exploitation sexuelle…

Mama Fatima Singhateh a été avocate, juge et politicienne. Elle a été ministre de la Justice et procureur général de la Gambie. Elle aura fort à faire pour assurer la succession dans cet important mandat, qui traite notamment des questions relatives aux adoptions illégales, les causes sous-jacentes de l’exploitation sexuelle, les technologies de l’information et de la communication et la vente d’enfants et l’exploitation sexuelle des enfants, le rétablissement et réinsertion d’enfants victimes et la vente d’enfants aux fins de travail forcé.

… ainsi que sur l’extrême pauvreté

Notre compatriote, Olivier De Schutter, a été nommé Rapporteur spécial sur les droits de l’homme et l’extrême pauvreté ; il prendra ses fonctions le 1er mai.

Outre ses fonctions comme Professeur à la faculté de droit de l’UCL, il a été précédemment Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation et était membre du Comité des droits sociaux des Nations unies. Il connaît extrêmement bien la musique des Nations unies et aura fort à faire là où tous les experts prédisent une crise économique sans précédent, qui affectera bien sûr les plus pauvres sur cette planète.


Les bésicles de Jiji

Court mais bref

Dans son Formulaire de technique législative, disponible sur son site www.raadvst-consetat.be, la section de législation du Conseil d’État écrit : « Donnez à l’acte un intitulé concis : exprimez son objet en peu de mots. De cette manière, le lecteur ne se perdra pas dans un long intitulé l’empêchant de dégager l’objet exact de l’acte ». Comme dans le bel exemple suivant, que rappelle une modification du 24 novembre 2019 (Moniteur, 2 décembre) : « Arrêté royal du 10 mai 2015 relatif à la force probante des données enregistrées, traitées, communiquées au moyen de techniques photographiques et optiques par les hôpitaux, ainsi qu’à leur reproduction sur papier ou sur tout autre support lisible pour l’application dans les soins de santé ». Lu ?

Citoyenne putschiste

De son côté, la section du contentieux administratif s’est prononcée (arrêt n° 246.223 du 28 novembre 2019) dans une affaire de logement inoccupé. Le Conseil d’État reproduit à la lettre la formulation de la requête, mais est-ce une bonne idée ? La propriétaire demandait l’annulation de « la décision prise par le fonctionnaire délégué [je saute 4 lignes] (qui) a condamné la requérante au paiement d’une amende administrative de 8.550 EUR, du chef de violation des formes substantielles ou prescrites à peine de nullité, excès ou détournement de pouvoir ». Cette dangereuse personne voulait installer le QG de l’insurrection.

C’est devenu secret

Quant à l’arrêt n° 246.273 du 3 décembre 2019, il porte sur le recours introduit par X. contre la sanction disciplinaire infligée par l’Agence Bruxelles-Propreté, un contentieux de longue durée. « Les faits utiles à l’examen du recours ont été exposés dans les arrêts n° XXXX du XXXX 2016, n° XXXX du XXXX 2017 et n° XXXX du XXXX 2018. Il y a lieu de s’y référer. » En se conformant au principe de motivation des arrêts ? À la fin de la procédure, le requérant a demandé l’anonymisation, et celle-ci n’aurait aucun effet si le renvoi aux épisodes précédents, avec leurs dates et numéros, révélait son nom. Mais le Conseil d’État devrait trouver un moyen d’atteindre ce but sans se payer la tête des lecteurs.

Pas très là

MEDEX, le service médical de l’administration de l’État, annonce la parution de son rapport annuel sur « l’absentéisme fédéral ». S’il s’agissait du gouvernement Michel/Wilmès en 2019, on dirait qu’il ne fallait pas prendre cette peine. Mais depuis des années, MEDEX refuse d’admettre que l’original (bien entendu) « het ziekteverzuim » se traduit correctement « les congés de maladie », alors que le vocable « absentéisme » porte une lourde connotation de « tire-au-flanc ». Selon la légende : dans un bureau « paysager » d’un service public fédéral, les agents francophones affichent « Ici, on parle français », et les néerlandophones, « Hier werkt men ».

Merci pour les infos

À la RTBF-Radio (17 décembre), une journaliste remarquablement précise se croit chargée de rendre distrayant le Flash d’11 h. : « Le PS et la NVA divorcent », c’était un mariage mystique. « R. Demotte et G. Bourgeois avaient formé un duo de pré-formateurs », formellement. Et en France, « La détermination des grévistes reste infaillible » : contre le pape, Macron n’a aucune chance. Après pareil bredouillis, on ne peut qu’approuver l’annonce standard de la BBC : « The news, read by… ».

Ça tombe dru

  • Le Soir(7-8 décembre) publie une dépêche Belga : « Caroline Wozniacki (…) a été n° 1 [mondiale de tennis] durant 71 semaines entre octobre 2010 (…) et février 2018 ». Sur Mars (1 année = 687 jours) ? « Durant un total de » n’aurait pas fait risquer le tennis elbow.

  • Selon les media francophones, P. Magnette (PS) avait reçu une « mission d’information royale », grâce à laquelle le monarque a été « royalement informé », pour sûr. Mais en néerlandais, « de koninklijke informatieopdracht » désignait la mission comme royale

  • Esprit libre, magazine de l’ULB (septembre-novembre), proclame 2019-20 « L’année multilingue ». Ensuite, il ne mentionne que trois langues (français, néerlandais, anglais). C’est l’arithmétique du peuple Pirahã (Amazonie brésilienne) : « Un, deux, beaucoup ».

  • JUTTUgram (novembre-janvier) présente la boisson « NONA June ». D’où vient le nom ? « June » renvoie à « juniper berry, baie de genièvre » : non, de genévrier. Et « Nona veut dire neuf en latin », comme les 9 épices utilisées. Pas du tout : c’est neuvième au féminin. Santé !

  • Gaël(août 2019, encore pour salle d’attente médicale) conseille des minitrips. En Zélande, « dans les prairies déambulent poules, abeilles et moutons ». Ailes en révision ? Et au Grand-Duché, un itinéraire part « du village d’Echternach ». Une ville de 5300 habitants.