LE JOURNAL DU DROIT DES JEUNES

L'éditorial de Benoit Van Keirsbilck dans le JDJ N°386

Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté (1)

Les attaques contre la jeune GretaThunberg ont atteint des sommets inégalés. Des personnalités connues (2), philosophes, politiciens, ont tenu des propos d’une agressivité inouïe. On a largement quitté le registre des débats d’idées, les attaques se sont focalisées sur son âge (bien sûr !), son «handicap», son apparence physique.

Certains en France regrettaient déjà l’abrogation des châtiments corporels qu’ils lui auraient bien infligés avec un sadisme pervers. Des propos haineux qui sont souvent l’apanage de l’extrême droite, mais qui ont été relayés par des gens de tous bords, qui disent beaucoup sur ceux qui les tiennent.

L’attitude des députés français (de droite et d’extrême droite) aura été pitoyable ; ils sont capables de dérouler le tapis rouge pour des dictateurs, mais pas pour réveiller leur conscience (c’est vrai qu’en l’espèce, il s’agissait d’entendre déballer leur incompétence sur le dossier climatique).

Quelle morgue ! Quelle autosuffisance ! Quelle condescendance ! Comme si les adultes n’avaient rien à apprendre des enfants. Comme si, parce qu’on est un enfant, on avait d’office tort et pas droit à la parole. Comme si, parce qu’on a «que» 16 ans, on était incapable d’avoir des positions personnelles. Comme si les enfants étaient nécessairement manipulés et les seuls à l’être !

Comme si Trump et tous les climatonégationnistes (3) n’étaient pas manipulés par les grosses fortunes, les grosses industries, le complexe militaro-industriel, le monde de la finance, qui ont tout intérêt à faire passer les changements climatiques pour des fake news? Comme si chacun.e d’entre nous n’était pas au minimum influencé.e, mais généralement manipulé.e par la presse, la pub, les politiques qui nous vendent monts et merveilles ?

Greta à l’immense mérite d’avoir participé à réveiller les consciences. Elle ne prétend pas détenir LA vérité. Devant l’Assemblée nationale en France, elle dit explicitement : «ce n’est pas moi que vous devez écouter, mais les scientifiques». Elle n’est jamais que le messager, mais on préfère tirer sur elle qu’entendre ce qu’elle a à nous dire.

Sa communication ne serait pas parfaite, entendons-nous également ! Pourtant, il y en a peu qui peuvent se targuer de devenir mondialement connu.e.s en quelques mois, à secouer les consciences, à se faire inviter dans tous ces lieux de «pouvoir». Pas une seule boîte de Com’ avec leurs gros budgets et moyens illimités ne serait capable de faire mieux !

Il faut espérer qu’elle est soutenue et aidée dans son combat. Seule face à cette meute qui aboie contre elle, ce serait intenable. Pour notre part, nous admirons son engagement (à elle et à tous ces jeunes qui sortent de leur confort pour tenter, à leur niveau, et avec leurs moyens d’améliorer le monde). Entre toutes les Greta du monde (qui ne sont ni saintes, ni parfaites, mais admirables dans leurs engagements) et les jeunes fachos d’extrême droite nostalgiques du nazisme, notre choix est vite fait.

Que tous les détracteurs de Greta aient l’humilité de se regarder dans la glace et se poser la question de ce qu’ils font réellement pour la planète et l’avenir de nos enfants.

Sur ce, nous souhaitons à chacun de survivre à la canicule.

Benoit Van Keirsbilck


(1) Guy Béart, La vérité.
(2) On ne va pas les citer pour leur donner une publicité qu’ils ne méritent pas; et on s’abstiendra de citer les extraits des «réseaux sociaux» qui sont proches du dépotoir.
(3) Les termes «climato-sceptiques» et «climato-réalistes» sont des abus de langage qui cachent mal ce qui relève du négationnisme.