LE JOURNAL DU DROIT DES JEUNES

L'éditorial de Benoît Van Keirsbilck dans le JDJ N°337

Un ton peu rassurant

La déclaration de politique communautaire (DPC) de la Fédération Wallonie-Bruxelles (1) (FWB) est un long catalogue de mesures et d’annonces (81 pages), qui se veulent ambitieuses, mais qui sonnent grandiloquentes; on vise l’excellence (2) dans tous les domaines et l’enseignement se taille la part du lion (3), ce qui correspond au poids de ce département dans le budget de la FWB.

Ne nous attardons pas sur le fait qu’un certain nombre de ces déclarations avaient déjà été formulées il y a cinq ans et que leur réalisation fait toujours défaut : plan cigogne, charte associative, conséquences du défi démographique sur les écoles, etc…

Voyons plutôt ce qui manque.

Premier élément : l’absence totale de priorisation et de données budgétaires. Pourtant, le budget de la Communauté était déjà fameusement cadenassé, sans compter les charges supplémentaires liées aux nouvelles compétences héritées du fédéral dans le cadre de la réforme de l’État.

Or, celle-ci va plomber plus encore les finances publiques. Dès lors, dans le contexte économique que nous connaissons et avec les contraintes d’assainissement des dépenses publiques imposées par la Commission européenne (qui, même si le Gouvernement de la FWB affirme vouloir les renégocier, ont été approuvées par la Belgique), il apparaît pour le moins hasardeux de prétendre qu’il est possible de tout réaliser.

En second lieu, constatons le peu de place accordée par cette déclaration au secteur de l’aide à la jeunesse : un malheureux paragraphe peu explicite sur un syllabus entier ! Tout aussi laconique, le sort réservé aux compétences héritées du fédéral en matière de protection de la jeunesse : un tiret, d’une banalité confondante, dans une énumération relative à un ensemble de compétences en matière de justice !

Si sur certains points cette déclaration se veut ambitieuse, elle ne l’est absolument pas concernant les jeunes dessaisis; la mesure n’est pas remise en cause ni même questionnée : on la tient pour acquise et on se contentera d’évaluer le sort des jeunes placés dans la prison pour jeunes de Saint-Hubert.

Autre fait marquant : les termes «droits de l’enfant» n’apparaissent pas une seule fois, pas une !, dans l’ensemble de la DPC. Ceci est à mettre en lien avec le fait que cette matière n’est mentionnée dans les compétences d’aucun ministre. Sous la précédente législature, il y avait un ministre coordonnateur des droits de l’enfant. Où est-il passé ?

Le ton de la législature est donné et les droits fondamentaux n’en feront pas partie. Même si d’aucuns ne manqueront pas de rappeler ce thème à leur bonne attention.

Benoit Van Keirsbilck