LE JOURNAL DU DROIT DES JEUNES

L'éditorial de Benoît Van Keirbilck dans le JDJ N°319

Faisons mentir Maxime

Maxime est détenu à la section des dessaisis du Centre fédéral fermé de Saint-Hubert. Il a rencontré le Délégué général à l'occasion de la réalisation du rapport que le JDJ a décidé de diffuser largement, avec la collaboration du DGDE, en le mettant en annexe du numéro 319 : « Quel avenir pour les jeunes dessaisis ? ».

Maxime est détenu à la section des dessaisis du Centre fédéral fermé de Saint-Hubert. Il a rencontré le Délégué général à l'occasion de la réalisation du rapport que le JDJ a décidé de diffuser largement, avec la collaboration du DGDE, en le mettant en annexe du présent numéro : « Quel avenir pour les jeunes dessaisis ? ».

Et Maxime affirme, en tête de ce rapport : « Donc, votre combat, il est bien mais il est un peu perdu  ».

Pourtant, on ne pouvait imaginer plaidoyer plus implacable contre le dessaisissement et la manière dont il est mis en oeuvre dans notre pays ! La force et la lucidité du témoignage des jeunes, ce qui ressort de leurs conditions de vie, de détention, les violences (pas que symboliques) et les brimades, l’absence totale de projet que la société a pour eux, le vide intersidéral, en font un outil puissant.

Les chiffres aussi sont parlants; leur disparités; la surreprésentation de Bruxelles, au-delà de tous paramètres liés à la situation de la Capitale, sans doute la disparité entre les chambres du tribunal, montrant par-là, et ce n'est pas neuf, que certains ont la main nettement plus leste que les autres. Le dessaisissement est une piètre loterie dont on ne sort que perdant (on est dessaisi parce qu'on a avoué, parce qu'on n'a pas avoué, pour une absence de remise en question, pour l'absence de respect des règles de vie en société,... ; bref, nombre de motifs qui mériteraient une approche éducative). Ce constat implacable est valable pour le jeune qui en fait l'objet (mais il s'en trouvera toujours pour s'en réjouir); il est aussi, et surtout, valable pour la société qui accepte encore de telles pratiques.

En conclusion, le Délégué général pose la question de l'inanité de la procédure de dessaisissement. Il est vrai que les jeunes dessaisis sont considérés par la société, les juges (notamment d'instruction), le personnel pénitentiaire et la société en général (notamment les futurs employeurs !) comme des fous furieux, sans doute irrécupérables. La réalité est toute autre sauf que le «traitement » qui leur est appliqué leur rend la réinsertion tellement diffi cile, que cette étiquette peut devenir prédictive.

À l'heure où la compétence de dessaisissement est transférée du fédéral aux Communautés, le moment est bien choisi de mettre fin à cette mesure qui produit les effets opposés à ceux escomptés.

Mais il va en falloir du courage politique et aussi de la pédagogie pour expliquer pourquoi. Non Maxime, ce combat n'est pas perdu !